Madagascar: Crises sociales - Le FFKM tend la main à l'État

Le FFKM dresse un tableau sombre de la situation nationale en conclusion de la réunion de son Comité central, à Morondava. néanmoins, l'église propose de travailler avec l'État.

Il fallait s'y attendre. Après la virulente déclaration de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM) sur les affaires nationales, il y a quelques jours, il était prévisible que le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) n'allait pas être plus clément.

En conclusion de la réunion de son Comité central, qui s'est tenue à Morondava, le FFKM a publié une double missive, jeudi. Une déclaration et un message signés par les quatre chefs des Églises au sein du Conseil œcuménique dressent un tableau sombre de la situation socio-économique du pays. La crise de l'eau et de l'électricité, la paupérisation de la population avec un écart de plus en plus profond entre les nantis et les plus démunis sont cités dans les deux textes.

L'Église affirme aussi que "la population est appauvrie", en ajoutant que "le détournement des lois" renforcerait cette situation. Faisant écho à la déclaration des évêques catholiques, le FFKM soutient, lui aussi, que "les richesses du pays sont accaparées par une poignée d'individus". La corruption et le relent de l'insécurité sont également mis à l'index par le Conseil œcuménique, qui plaide pour "la liberté d'expression dans le respect de la loi".

Bons offices

Face aux difficultés rencontrées par le pays et la population, le FFKM propose ainsi ses bons offices à l'État. Dans la missive intitulée "déclaration", le Conseil oecuménique affirme qu'il est prêt à prêter main-forte aux décideurs étatiques pour trouver une solution à la situation.

"Le FFKM exprime ici sa volonté de réfléchir et de s'entraider avec les dirigeants et toutes les forces vives, en ce qui concerne l'amélioration de la vie publique et de la société", déclare alors le Conseil œcuménique. Le FFKM semble s'ériger à nouveau comme un catalyseur de rapprochement entre les extrêmes et un médiateur d'idées face à la conjoncture socio-économique pesante.

Dans le texte intitulé "message", le FFKM indique que son bureau central cogitera avec ses branches laïques pour définir un programme dans cet objectif "d'amélioration de la vie publique". Toutefois, à l'instar d'autres sphères, la religion est également un terrain de lutte d'influence. Les faits de ces dernières années démontrent que, si les intentions de l'Église sont louables, elles sont prises d'assaut et polluées par des acteurs qui ne cherchent qu'à assouvir des intérêts politiques et personnels.

Les leaders religieux et laïcs au sein du FFKM ont aussi des affinités et obédiences politiques de notoriété publique. En conséquence, le Conseil oecuménique a du mal à fédérer ses ouailles. Du reste, comme l'a laissé entendre la déclaration de la CEM, une introspection pourrait s'imposer au sein de l'Église. Depuis l'indépendance, les élites qui composent la classe politique et les décideurs étatiques qui se sont succédé sont, dans leur grande majorité, "des enfants" des églises au sein du FFKM.

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