Rabat — Les participants au Symposium international sur la justice transitionnelle ont appelé, vendredi à Rabat, à l'inclusion de l'ensemble des acteurs pour favoriser le processus de la justice transitionnelle.
Intervenant à cet événement, placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et initié par les Chambres des représentants et des conseillers et le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), des experts et militants de droits humains ont insisté, lors de la deuxième session thématique sur la "Justice transitionnelle: rôles des institutions publiques et de la société civile", sur la nécessité d'impliquer toutes les parties prenantes dans le processus de justice transitionnelle, saluant l'efficience de l'expérience marocaine, notamment en matière de l'approche genre et de l'ouverture aux jeunes.
S'exprimant à cette occasion, le membre et ex-président du groupe de travail des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l'Homme (UNWG BHR), Damilola Olawuyi, a affirmé que le mécanisme de justice transitionnelle devrait inclure toutes les parties prenantes, notamment les entreprises, la société civile, le monde académique et juridique ou à travers de partenariats public-privé.
Ces différents acteurs sont appelés à jouer un rôle important dans la mise en oeuvre de la justice transitionnelle et assurer que les injustices du passé ne soient pas reproduites, faisant référence aux rapports publiés par l'UNWG-BHR, qui appellent les entreprises à contribuer aux quatre piliers de la justice transitionnelle, à savoir la recherche de la vérité, la poursuite des responsables, la réparation et la réforme institutionnelle.
Pour sa part, l'expert principal en droits de l'Homme au département des Affaires politiques à la Commission de l'Union Africaine, l'ambassadeur Salah Siddig Hammad a souligné que l'expérience de l'Union Africaine en matière de justice transitionnelle s'est inspirée des expériences pionnières du Maroc et de l'Afrique du Sud, prenant en compte également les valeurs communes des pays africains.
Et de noter que l'expérience de justice transitionnelle de l'Union africaine s'est principalement concentrée sur l'avenir pour jeter les bases de la transition vers la paix et la promotion des droits de l'homme, soulignant que le chemin de ce processus incluait tous les segments de la société et prenait en compte le genre et la participation des jeunes, des femmes et des personnes âgées.
De son côté, la présidente de la Commission nationale des droits de l'Homme du Sénégal, Amsatou Sow Sidibé, a mis en avant l'importance des leviers de promotion de la justice transitionnelle, notamment à travers l'implication des organisations des droits des femmes, des autorités religieuses et coutumières et des autres acteurs de la société civile.
Tout en rappelant l'expérience de la Commission Nationale des Droits de l'Homme du Sénégal, elle a expliqué que l'approche de son pays en matière de justice transitionnelle est basée sur l'éducation, la sensibilisation et la communication, ayant eu pour finalité la mise en place du Comité national des droits de l'homme, à l'instar de l'expérience marocaine, en tant que garant du processus de justice transitionnelle, afin de parvenir à la paix sociale et mettre un terme aux conflits, appelant, dans ce sens, à la nécessité d'accompagner les pays africains dans cette démarche.
Pour le président de la Commission indépendante des droits de l'Homme en Afrique du Nord, Naji Moulay Lahsen, le rôle de la société civile dans la promotion de la justice transitionnelle est primordial, notant que l'expérience marocaine a franchi plusieurs étapes significatives, en particulier dans les provinces du sud du Royaume, où la société civile et les institutions publiques oeuvrent de concert pour le renforcement du processus de justice transitionnelle.
Il a, dans ce sens, relevé que la société civile marocaine a été en mesure d'aider à compiler une importante base de données qui a contribué à la formulation de recommandations visant à tourner la page des violations des droits de l'homme au Maroc, soulignant son rôle efficace dans la formulation de plaidoyers pour la poursuite des auteurs de violations par le biais de mécanismes juridiques, contribuant ainsi à la promotion de la culture des droits de l'homme et de la démocratie.
Ce Symposium, organisé à l'initiative des Chambres des Représentants et des Conseillers ainsi que du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), en commémoration du vingtième anniversaire de la création de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), se tient sous le thème "les Processus de justice transitionnelle: pour des réformes durables".
Le temps de deux jours, cet événement se penche sur des thématiques liées aux processus de la justice transitionnelle, y compris les éventuelles interactions entre cette dernière et les réformes constitutionnelles, législatives et judiciaires.
Il met en lumière le rôle des institutions publiques et des organisations de la société civile dans ce processus et dans la mise en oeuvre des recommandations issues des instances de la justice transitionnelle, en plus des questions de mémoire.