Marrakech — Le long-métrage "Happy end", du réalisateur japonais Neo Sora, suit un groupe d'adolescents rebelles dans une société futuriste où un système de surveillance omniprésent menace leurs aspirations personnelles et leur liberté.
Premier long métrage de fiction écrit et réalisé par ce jeune réalisateur, "Happy end" (113 minutes), qui a été projeté vendredi dans le cadre de la 21e édition du Festival international du film de Marrakech, raconte l'histoire d'un groupe d'adolescents passionnés de musique underground, menés par Yuta et Kou.
Après une farce inoffensive contre leur directeur, leur lycée instaure un système de surveillance sophistiqué appelé "Panopty". Ce dispositif symbolise une société de plus en plus contrôlée et répressive.
Parallèlement, des tremblements de terre récurrents sont signalés, intensifiant une atmosphère de crise au-delà des murs de l'école. Les personnages se retrouvent ainsi confrontés à des dilemmes personnels et sociétaux: la conformité face à l'autorité, la résistance, ou encore les défis liés à l'identité et à la multiculturalité dans une société japonaise en mutation.
Le film explore des thèmes profonds comme la surveillance, le nationalisme et les inégalités, tout en maintenant une dimension humaine, portée par des relations d'amitié et des moments de solidarité.
Le style visuel du film mêle une géométrie rigoureuse à des plans longs qui mettent en valeur la froideur et la rigidité d'un monde oppressif, tout en jouant sur des nuances de lumière naturelle pour créer un contraste subtil entre les environnements stériles et les instants d'intimité des personnages.
La bande-son est caractérisée, quant à elle, par une musique alternant des morceaux minimalistes et underground, qui offre à la fois des moments de tension et de rébellion, en plus des effets sonores, comme les bruits de surveillance ou les tremblements de terre, qui créent une immersion sensorielle. Le silence est également utilisé subtilement pour mettre en valeur les moments d'introspection et d'émotion des personnages.
Le film clôt sur une scène incertaine et émotive, reflétant les tensions entre l'espoir de changement et les limites imposées par un système oppressant. Une fin ouverte qui invite les spectateurs à réfléchir sur le poids de la résistance dans un monde surveillé.
Neo Sora a écrit et réalisé les courts métrages "The Chicken" (2020), sélectionné au Festival du film de Locarno, et "Sugar Glass Bottle" (2022), qui a remporté le Prix du Meilleur court métrage au Indie Memphis Film Festival et a été nommé parmi les 25 nouveaux visages du cinéma indépendant par le magazine Filmmaker.
"Happy end" participe à la compétition officielle du Festival international du film de Marrakech, qui regroupe des cinéastes du monde entier, avec une sélection de 14 longs-métrages, chacun étant la première ou la deuxième oeuvre de son réalisateur.