Crée en 1960 par Georges Damas Aléka dans un contexte de décolonisation en vue d'une accession du Gabon à l'indépendance, la Concorde s'offre à nous comme notre hymne national qui peut nous permettre de lire et de comprendre le Gabon d'hier, d'aujourd'hui et demain.
Unité, concorde et fraternité, un triptyque qui nous appelle à l'harmonie, à l'union et à l'attachement à la nation et au pays auquel nous sommes fondamentalement liés. La Concorde, ce poème chanté de Gorges Damas Aléka, auteur de l'hymne nationale du Gabon, n'a pas fini de susciter en nous ce sentiment d'appartenance à notre patrie, le Gabon.
« Uni dans la Concorde et la fraternité », n'est pas avant tout un ensemble de concepts creux et pompeux, mais une injonction, « un impératif catégorique » pour faire nation. Les Écritures Saintes n'en disent pas moins puisqu'elles mettent au coeur de toute organisation humaine l'unité, en nous conviant « d'avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres, etc. »
L'unité apparaît ainsi comme un principe divin. D'où l'idée d'unité nationale qui serait le socle même de notre vivre ensemble, le fondement de cette République dont la population est appelée à s'éveiller. « Éveille toi Gabon, une aurore se lève » comme pour convier chaque citoyen gabonais à une prise de conscience. Un éveil de conscience face à cette « aurore » qui telle une aube, « se lève ». « Encourage l'ardeur qui vibre et nous soulève ! »
Atteindre notre essor vers la félicité.
Ce qui apparaît comme le signe évident de l'espoir à un avenir meilleurs. D'où l'impérieuse nécessité d'« encourager l'ardeur » et l'effort conjugué de toutes les personnes afin d'unir notre force de travail. Cette force « qui vibre et nous soulève ! », et dont l'objectif est d'atteindre « notre essor vers la félicité ».
C'est par le travail vigoureux et acharné que l'on pourrait ensemble parvenir aux objectifs de développement, de transformation et de construction de notre pays. La Sainte Bible corrobore ces propos, puisqu'elle accorde un accent assez particulier au travail bien fait lorsqu'elle recommande de travailler de « mieux en mieux ». Certes, elle aborde les questions de service ecclésiastique, mais le plus important serait d'insister sur le travail appliqué et bien fait avec une exigence de qualité et de performance.
Une exigence de qualité et de performance.
Exigence qui, à la fois, nous rend « éblouissant » et plus que jamais, nous redonne de la « fierté ». Tout cela, sublimé par ce désir montant pour qu'« à jamais » soit « pourchassée » voire combattue « l'injustice et la honte ». Pour cela, il est judicieux que « monte » et « monte encore » ce sentiment qui viendrait calmer « nos alarmes ». C'est donc par la vertu que l'on parviendra à « repousser les armes et calmer les alarmes ».
La Concorde se pose ainsi, en tant qu'hymne nationale, comme ce chant patriotique qui promeut la paix entre concitoyen ou compatriote. La question de la paix, qui dans La Bible, se présente telle une véritable quête étant entendu que dans le livre d'Hébreux il est recommandé à juste titre d'ailleurs, de : « rechercher la paix avec tous, etc. »
Cette quête de la paix, qui apparaît à travers les propos ci-dessus, fait appel semble-il, à la volonté de décrire le Gabon par rapport à sa géographie physique et d'un point de vue de sa configuration. Ce qui justifie l'idée de partir « des bords de l'océan » pour se situer « au coeur de la forêt ». Encore faudrait-il dresser le portrait d'un pays dont le littoral s'étend sur près de huit cent kilomètres de côte, et la forêt s'étale sur à peu près quatre-vingt-cinq pourcent de son territoire. Pour cela, il revient de « demeurer vigilant », « sans faiblisse et sans haine ».
La problématique soulevée ici, paraît être celle de la préservation et la protection des frontières nationales dont il s'agit de veiller à ce qu'elles demeurent inviolables. C'est une question d'intégrité et de souveraineté qui semble se poindre à l'horizon et poser un problème d'intérêt tout à fait commun mais surtout national.
La Concorde, ce texte patriotique de Georges Damas Aléka, dont il importe de prononcer de manière solennelle mais encore « autour de ce drapeau ». Lequel représente par ses motifs, vert, jaune et bleue, l'emblème des couleurs de la nation gabonaise. Nation « qui vers l'honneur nous mène ». Un appel à honorer de manière participative la patrie. Raison pour laquelle il est recommander de « saluer la patrie » et « chanter sans arrêt ». Tout cela, avec force, vigueur et spécialement beaucoup d'attachement à la République.
L'hymne nationale du Gabon apparaît tel le trait unique d'un maître de l'écriture et d'un concertiste confirmé. La Concorde, ce chant rythmique qui prône pour la visibilité et le rayonnement du Gabon. La Concorde, ce chant rythmique qui prône pour la visibilité et le rayonnement du Gabon à l'échelle internationale. C'est donc pourquoi, l'on hésiterait plus de reprendre les vers rythmés de cette chanson patriotique et qui se déclinent tel qu'il suit : « afin qu'aux yeux du monde et des nations amies », « le Gabon immortel reste digne d'envie », « oublions nos querelles, ensemble bâtissons », « l'édifice nouveau auquel tous nous rêvons ».
Le Gabon en tant qu'État souverain, doit pouvoir s'insérer au sein du concert des nations. Insertion tant sur le plan sous-régional, régional que mondial. C'est toute la problématique de son image de marque, de sa réputation ainsi que de sa crédibilité à l'étranger qui semble être mis en exergue dans ce qui précède. Vendre l'image du pays à travers le dynamisme de sa population, mais également par le truchement de ses institutions incarnées par des hommes de pouvoir, mais surtout de devoir, encore plus des hommes d'État. Des individus qui comme La Bible le dit sont d'une probité « qui ne se fait suivre d'aucun chagrin ». Vendre l'image du Gabon à l'étranger par le biais des atouts dont il dispose est véritablement le cheminement à suivre.
Sauf que pour Georges Damas Aléka, cela ne paraît pas très évident, sans que l'on puisse taire toutes les divergences qui sont de nature à plomber cette noble ambition.
Encore faudrait-il comprendre le privilège qui est le notre à ce jour, face à nos ancêtres qui ont certainement de loin désiré ce qui apparaît pour nous comme des acquis indéniables. Ce qui ressort des vers ci-dessous :
« Oui que le temps heureux rêvé par nos ancêtres Arrive enfin chez nous, réjouisse les êtres, Et chasse les sorciers, ces perfides trompeurs. Qui sèment le poison et répandent la peur ».
Nos ancêtres ont certainement cru bon, d'amorcer un travail de pionnier, en ayant à coeur de faire du Gabon un pays dont l'avenir semble des plus prometteurs, et le bonheur des plus partagé. La quête du bonheur apparaît comme un réel objectif.
Toute l'importance de chasser voire même de combattre « les sorciers, ces perfides trompeurs » ; « qui sèment le poison et répandent la peur ». Combattre la sorcellerie vu qu'elle obère sur le fonctionnement de la société semble donc salutaire en vue d'une certaine forme d'équilibre et d'harmonie de la société.
Que retenir ?
Au demeurant, fort est de constater que depuis l'apparition de ce qu'il convient de nommer par « coup de la liberté », le 30 août 2023, l'on constate un regain nouveau pour l'hymne nationale « La Concorde » auprès des populations. Honneur donc à l'armée gabonaise, qui a sue susciter auprès de l'opinion nationale, un intérêt nouveau pour ce chant patriotique. Lequel nous identifie en tant que peuple et nous distingue comme nation.
Georges Damas Aléka a créé depuis 1960, l'hymne nationale La Concorde qu'il a mis à la disposition de la nation gabonaise. Le mérite revient à Aléka, et la fierté au peuple gabonais qui doit davantage s'approprier à nouveau son hymne national.
Institut de Recherche en Sciences Humaines
Attaché de recherche, Critique des textes francophones, des savoirs en interaction et des dynamiques culturelles.