La Biennale de Dakar, événement incontournable de l'art contemporain africain, s'est enrichie cette année d'une initiative unique : le projet PILOHA. Acronyme de Peace, Love and Harmony. Ce projet est porté par Pascal Nampémanla Traoré, artiste plasticien ivoirien résidant au Sénégal depuis 24 ans. Cependant les artistes appellent à la création d'un musée des arts contemporains au Sénégal afin de préserver la mémoire collective. Ce legs va servir les générations futures.
Implanté dans une friche urbaine dans le quartier du point E à Dakar, cet espace s'est transformé en un véritable laboratoire artistique. Conçu en deux parties, PILOHA a accueilli un espace de convivialité surnommé « l'arbre à palabres », où les visiteurs ont pu partager des moments d'échanges autour de discussions, de performances musicales et de projections de films. Ce lieu de dialogue a permis d'aborder des thèmes variés, allant de la géopolitique culturelle à l'économie de l'art.
La deuxième partie, dédiée à l'exposition, a pris la forme d'un « village artistique », où peintures, photographies, sculptures et design cohabitaient harmonieusement. Plus qu'un simple lieu d'exposition, PILOHA est devenu un lieu de vie et de réflexion, attirant une moyenne de 150 visiteurs par jour, des familles, des étudiants et des amateurs d'art.
PILOHA a rassemblé des artistes de six pays différents : parmi lesquels le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Gabon, la France et le Congo. Chaque oeuvre exposée témoignait d'une démarche singulière, entre introspection, critique sociale et exploration esthétique.
Pour Traoré, la collaboration a été au coeur de la réussite du projet. Malgré les défis logistiques, une solution innovante a permis de transporter les oeuvres en toute simplicité : les toiles sur châssis ont été démontées, roulées et réassemblées sur place, témoignant d'un esprit de résilience et d'ingéniosité.
Un plaidoyer pour un Musée d'Art Contemporain au Sénégal
Si la Biennale de Dakar est un écrin temporaire pour les trésors de l'art contemporain, Traoré et d'autres artistes appellent à une solution pérenne : la création d'un Musée d'Art Contemporain du Sénégal. Un tel lieu permettrait de préserver et de valoriser la riche production artistique sénégalaise depuis les années 1960, actuellement dispersée dans des ministères ou oubliée dans des caves.
Ce musée deviendrait un legs culturel inestimable pour les générations futures, offrant un accès direct aux oeuvres marquantes qui racontent l'histoire, les luttes et les aspirations des artistes sénégalais. Il contribuerait également à renforcer l'éducation artistique et à consolider le positionnement de Dakar comme capitale culturelle du continent africain.
Le succès de PILOHA, couronné par des ventes d'oeuvres et une fréquentation fidèle, illustre l'appétit croissant du public pour des expériences artistiques inclusives et engagées. Avec son concert de finissage animé par Ablai Sissoko et ses stands de « street food » sénégalaise, le projet s'est conclu sur une note festive et chaleureuse.
La Biennale s'éteinte jusqu'à sa prochaine édition, dans deux ans. « PILOHA laisse une empreinte durable, rappelant que l'art, au-delà de sa beauté, est un puissant vecteur d'humanité, d'interrogation et de mémoire. Mais pour transformer cet élan en héritage tangible, il est temps pour le Sénégal de poser une pierre fondatrice : celle de son musée d'art contemporain » a conclu M. Traoré