Maurice se trouve en première ligne face aux défis posés par le changement climatique. Les événements climatiques locaux, tels que les vagues de chaleur, les inondations soudaines, la sécheresse et la montée du niveau de la mer, en témoignent. Selon Rajesh Bhagwan, ministre de l'Environnement, la lutte contre le changement climatique doit être un effort collectif. Il estime que les ressources, des stratégies solides et l'engagement de tous les secteurs doivent converger pour construire une île Maurice résiliente face aux enjeux climatiques.
À l'initiative du haut-commissaire britannique, HSBC Mauritius et le Mauritius Institute of Directors, ainsi que leurs partenaires, ont organisé une table ronde pour discuter des défis pressants liés au changement climatique et à la montée du niveau de la mer dans le courant de la semaine. Rajesh Bhagwan, qui est intervenu lors de cet événement, estime que «nous avons la responsabilité collective de lutter contre le changement climatique». Les chiffres qu'il a cités montrent la vulnérabilité du pays. Selon le World Risk Report de 2023, Maurice est classé à la 160e place sur 193 pays en matière de risque de catastrophes.
«Ces dernières années, nous avons été confrontés à des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents et intenses, tels que des inondations éclair et des glissements de terrain, qui endommagent les infrastructures, perturbent les activités économiques et notre calendrier scolaire», a-t-il dit. De plus, la température continue d'augmenter. Le ministre a souligné qu'entre 1951 et aujourd'hui, la température avait augmenté de 1,39 °C. Cette hausse a entraîné une diminution des précipitations, une réduction de la production agricole, des épidémies de parasites, des maladies des cultures et des maladies d'origine hydrique, avec plus de 500 cas de dengue signalés cette année seulement.
D'autre part, notre île fait face à une élévation du niveau de la mer, qui augmente de 4,7 mm par an, un rythme plus rapide que la moyenne mondiale. Cette situation aggrave l'érosion des plages et menace les vies, les moyens de subsistance, les infrastructures et les entreprises. L'augmentation de la température entraîne également celle de la température de l'eau de mer et cause ainsi des souffrances accrues pour les écosystèmes marins. «Nous avons constaté une perte de coraux allant jusqu'à 60 % dans certaines lagunes et une baisse de 11 % des captures de poissons marins», a déploré Rajesh Bhagwan, qui a souligné que «ces réalités préoccupantes nécessitent une action immédiate, audacieuse et collective». Pour montrer l'importance que le gouvernement accorde à la protection de la nature, il a indiqué que les Rights of Nature seront intégrés dans la Constitution de Maurice.
Cop 29 : Manque d'engagement envers les peid
Parlant de la récente COP 29 qui s'est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, sur les défis climatiques et les mécanismes financiers, Rajesh Bhagwan a soutenu que, malgré les progrès réalisés, notamment avec un objectif de financement de USD 300 milliards par an d'ici 2035 pour soutenir les pays en développement, ces efforts étaient «insuffisants pour répondre à nos besoins, tant en quantité qu'en qualité». Les Petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il précisé, avaient «plaidé pour davantage de subventions, en particulier pour soutenir nos actions d'adaptation, mais ont été confrontés à des accords favorisant le financement mixte, sans reconnaissance des circonstances particulières des PEID et sans clarté quant à la simplification de l'accès aux fonds climatiques».
Il a précisé que Maurice aurait besoin de USD 6 milliards pour mettre en oeuvre la Nationally Determined Contribution (NDC), dont 35 % devraient être mobilisés localement, tant par le secteur public que privé, tandis que 65 % devraient provenir de sources externes. «Nous continuerons ce combat dans les forums mondiaux, et nous ne perdrons pas de vue le fait que nous devons agir de manière décisive chez nous pour renforcer la résilience de notre pays et de notre peuple. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que d'autres nous écoutent enfin.»
Rajesh Bhagwan a ajouté que le gouvernement était déterminé à favoriser un environnement politique propice. «L'année prochaine, nous élaborerons le NDC 3.0 avec des ambitions robustes mais réalistes, avec une période allant de 2025 à 2035. Nous aurons également notre premier Plan national d'adaptation, qui se concentrera sur des secteurs prioritaires tels que l'eau, l'agriculture, le tourisme, la zone côtière, les infrastructures, la réduction des risques de catastrophes, la pêche et la santé», a-t-il assuré.
Les entreprises mises devant leurs responsabilités
Bien que Maurice ne contribue qu'à hauteur de 0,01 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, Rajesh Bhagwan estime que le leadership peut servir d'exemple fort. «Nous avons l'opportunité de démontrer comment les partenariats public-privé innovants peuvent fonctionner. En montrant des succès ici, Maurice peut inspirer la communauté mondiale, et renforcer sa réputation de modèle de bonne gouvernance et de leadership climatique», a-t-il dit, mettant ainsi les entreprises face à leurs responsabilités. Le ministre de l'Environnement a affirmé que les entreprises devaient aller au-delà des engagements. et créer des plans de transition solides et responsables, en accord avec l'Accord de Paris. «L'atténuation et l'adaptation au climat devraient devenir des priorités fondamentales dans les stratégies des entreprises», a-t-il déclaré.
Alors que le gouvernement continue de mobiliser des ressources pour des projets tels que la réhabilitation des zones côtières, la gestion des inondations et des glissements de terrain dans le secteur de l'adaptation, ainsi que des programmes pour la transition énergétique, le ministre a déploré que le fait que le fossé financier reste considérable. «Les secteurs des affaires et de la banque doivent relever le défi et jouer un rôle plus actif pour explorer les pistes et le potentiel des mécanismes financiers innovants afin de combler ce fossé.» Pour assurer une transition verte, Rajesh Bhagwan a dit qu'elle devait être équitable, et promouvoir la justice sociale et économique. «Les entreprises doivent créer des emplois verts, soutenir les petites et moyennes entreprises pour s'adapter aux nouvelles réalités, et également responsabiliser les communautés vulnérables», a-t-il souligné.