La Tunisie compte environ 6,3 millions de cartes de paiement en circulation et enregistre 121 millions de transactions par carte, chaque année.
Les moyens de paiement numérique offrent une alternative efficace au chèque. Plus fiables et moins risqués, ils ont aujourd'hui le vent en poupe chez les Tunisiens, qui se tournent de plus en plus vers des méthodes de paiement autres que le virement et le chèque. C'est ce qu'a souligné, en somme, Bilel Darnaoui, directeur général de Monétique Tunisie, lors de son intervention dans le cadre du panel «L'adaptation à la nouvelle réglementation des chèques », organisé en marge de la 38e édition des Journées de l'Entreprise, qui s'est tenue récemment à Sousse sur le thème «L'entreprise et les grands changements : adaptation et opportunités».
Evoquant les différentes méthodes de paiement, Darnaoui a affirmé que le développement des paiements numériques en Tunisie a connu une évolution significative ces dernières années, bien qu'il reste encore des défis à relever pour une adoption plus large.
Les cartes pour retirer de l'espèce
Aujourd'hui, la Tunisie compte environ 6,3 millions de cartes de paiement en circulation. Le chiffre traduit que près de 55 % de la population utilise ce moyen de paiement. Cependant, bien que le nombre de cartes émises soit relativement élevé, l'adoption des paiements numériques par les commerçants reste encore limitée. Le nombre des terminaux de paiement électronique TPE, dont sont équipés les commerçants, ne dépasse pas les 37.000, et seulement 67% d'entre eux sont fonctionnels.
En Tunisie, on compte 121 millions de transactions par carte. Au niveau des entreprises, seulement 5 % des 800.000 entreprises du pays sont équipées de moyens d'acceptation des paiements numériques, tels que les TPE. Le directeur de la SMT a souligné, par ailleurs, l'évolution du comportement des consommateurs, qui utilisaient auparavant les cartes pour retirer de l'espèce. Aujourd'hui, de plus en plus de Tunisiens les utilisent directement pour régler leurs achats, tant en magasin qu'en ligne. Ce changement de comportement se reflète également dans la croissance du e-commerce, bien qu'il demeure encore timide en Tunisie. En parallèle, le paiement via les portefeuilles électroniques connaît aussi une forte croissance. Darnaoui a rappelé, dans ce contexte, que les paiements via « wallet » se sont multipliés par dix, entre 2022 et 2023, marquant une évolution notable dans l'adoption de cette technologie.
Le responsable a fait savoir que plusieurs solutions ont été mises en place pour améliorer l'écosystème des paiements numériques en Tunisie. Le plus notable est l'introduction du concept «Bnpl » (Buy Now, Pay Later) qui permet aux consommateurs d'acheter aujourd'hui et de payer en plusieurs fois sur une période de 3 à 6 mois. Ce modèle, inspiré des pratiques internationales, est particulièrement adapté aux transactions de e-commerce, un secteur en forte croissance. En Tunisie, certaines banques ont déjà lancé des solutions Bnpl, tandis que des structures intermédiaires, appelées «Payment Facilitators» (PayFac), ont été mises en place pour faciliter le lien entre les banques et les commerçants. Ces entreprises jouent un rôle essentiel en interfaçant les banques et les commerçants, facilitant ainsi l'équipement des commerçants en moyens de paiement numérique.
Le «soft post», pour une plus grande flexibilité
Dans le but de vulgariser l'acceptation des paiements numériques, Monétique Tunisie a aussi développé une solution certifiée par les systèmes de paiement internationaux, appelée « soft post », a souligné le responsable. Cette solution permet de remplacer les TPE traditionnels par des applications mobiles installées sur les smartphones des commerçants, offrant ainsi une plus grande flexibilité, notamment pour les secteurs comme le transport public ou les services de livraison, qui étaient jusqu'à présent sous-équipés en solutions de paiement numérique.
Un autre axe d'amélioration repose sur l'interface des systèmes d'information des banques.
La Société Monétique Tunisie a, en effet, pu développer des interfaces de programmation d'application «API» permettant de communiquer directement avec le système d'information des banques. Le responsable a, par ailleurs, indiqué qu'en dépit de ces avancées, la communication reste un grand défi à relever. Il considère qu'il est essentiel de sensibiliser les consommateurs à l'utilisation des outils de paiement numériques. «Sachez qu'aujourd'hui, la SMT travaille sur des «use cases» qui sont développés avec les banques de la place, pour le processus Bnpl, le processus du e-commerce, ainsi que pour beaucoup d'autres processus use case », a-t- -il annoncé.
S'agissant de la plateforme dédiée au paiement des chèques, le responsable a affirmé qu'elle représente un enjeu technologique majeur. Ce système, qui intègre les mécanismes de paiement numérique, constitue, selon ses dires, un saut technologique important, mais il nécessitera encore du temps pour sa mise en oeuvre complète. Il a noté que quatre fintechs ont déjà présenté leurs solutions. Ils sont en cours d'examen.