Un ambitieux projet prévoyait de réhabiliter ce monument en une bibliothèque numérique moderne. Ce projet devait inclure une médiathèque, une salle de réunion, une galerie d'art et un amphithéâtre pour accueillir diverses activités culturelles dans un cadre innovant... Malheureusement, les travaux peinent à avancer.
A chaque retour dans ma ville natale, je fais mon tour habituel pour observer les transformations et les progrès réalisés, et vérifier si les promesses annoncées ont été tenues. Hélas, je constate avec regret que rien n'a véritablement changé, à l'instar du projet Taparura, le métro de Sfax, le réaménagement de la Médina traditionnelle... Même les monuments historiques de la ville continuent de subir une négligence criante, révélatrice des abus continus et de la marginalisation de cette capitale.
Un exemple frappant est celui de l'ancienne cathédrale, transformée en déchetterie au fil des années, dans une scène qui illustre tragiquement la situation de cette ville d'un million et demi d'habitants. Cette cathédrale, autrefois lieu de rassemblement pour les jeunes, accueillait des cours de sport quotidiens et des compétitions sportives entre lycées chaque vendredi soir. Aujourd'hui, elle n'est plus que ruines et décombres, sa splendeur d'antan effacée. Comme le chante Charles Aznavour : «A mon ancienne adresse, je ne reconnais plus ni les murs ni les rues... ». De mon côté, je pourrais tristement fredonner : « Je cherche l'église, mais rien ne subsiste : ni les murs, ni les souvenirs d'exercices... ».
Un projet tombé à l'eau
En 2016, dans le cadre de la manifestation «Sfax, Capitale de la culture arabe », un ambitieux projet prévoyait de réhabiliter ce monument en une bibliothèque numérique moderne. Ce projet devait inclure une médiathèque, une salle de réunion, une galerie d'art et un amphithéâtre pour accueillir diverses activités culturelles dans un cadre innovant. Malheureusement, les travaux peinent à avancer, pour des raisons floues, oscillant entre incompétence et absence de volonté politique. En attendant, les habitants ont perdu un monument historique stratégique situé au coeur de Bab Bhar ainsi qu'un espace sportif qui avait vu naître de nombreux talents locaux.
Face au laxisme des autorités, une question brûle: pourquoi détruire un lieu historique sans offrir d'alternative aux jeunes ? Privés d'un espace pour leurs activités sportives et culturelles, ils sont également dépossédés d'un patrimoine architectural remarquable, avec ses briques de verre colorées qui diffusaient une lumière unique tout au long de la journée.
Dans cette inertie coupable, les jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes, souvent réfugiés dans les cafés qui prolifèrent à une vitesse effrayante dans les périphéries de la ville de Sfax. Que peut-on espérer dans de telles conditions ? Des jeunes désoeuvrés, dépendants du tabac et de diverses substances, et enclins à la violence. Pourtant, les ressources pour un développement culturel et éducatif existent, mais il semble qu'une volonté obscure s'acharne à saboter tout projet porteur d'avenir pour cette ville pourtant fertile en potentiels.