Tunisie: Exposition «Le visible et l'invisible» de Wadii Mhiri - Des correspondances en valises

7 Décembre 2024

Une exposition singulière faite de correspondances s'est érigée à l'Institut français de Tunisie. Dans une vaste salle d'exposition, les noms de nombreux pays se laissent lire sur les murs. Des destinations qui ont comme point commun notre mer méditerranéenne. L'intrigue se corse à la vue des valises remplies de dessins, croquis et créations diverses faites de matières variées. Des valises qui font office d'échanges.

Les correspondants ne sont autres que des collégiens/lycéens issus de 26 écoles situées dans les pays de la région Mena. L'exposition «Le visible et l'invisible», installée minutieusement par le scénographie et artiste Wadii Mhiri, se présente comme étant épistolaire, ayant un format autre que des lettres classiques rédigées. En effet,elle est faite d'échanges de réflexions et d'œuvres créées et mises dans des valises, reçues en Tunisie de l'étranger. Des valises bien achalandées qui parviennent exactement de 13 établissements grecs, turcs, italiens, libanais, espagnols, égyptiens et d'Arabie saoudite. Les lycéens et collégiens de ces pays s'ont échangé avec d'autres jeunes correspondants tunisiens issus de 13 établissements répartis dans tout le territoire tunisien, faisant ainsi profiter tous les jeunes participants à cette aventure d'un savoir immense.

Des textes, des dessins, des cartes, de réalisations plastiques et d'objets en audios et en vidéos ont émergé des nombreuses valises, donnant lieu à cette exposition qui questionne l'époque, les enjeux climatiques, les traditions, les guerres, l'immigration et le monde en mutation. L'actualité méditerranéenne en particulier. Des interrogations éclairées et juvéniles émanant d'une jeunesse méditerranéenne en phase avec son existence. Cette même génération qui est déterminée à s'approprier tout un avenir méditerranéen en devenir.

Wadii Mhiri a ajouté sa touche personnelle des plus riches à l'aspect épistolaire de l'exposition en invitant les visiteurs à découvrir un au-delà invisible à travers un oeil-de-boeuf. Une extension des plus édifiantes titrée «Les ailes du vent», hommage poignant à «toutes ces ombres qui ont traversé, traversent et traverseront encore la mer méditerranéenne, à la recherche d'un avenir meilleur ou pour une meilleure survie». Tout ce travail a été pensé à Hammamet autour d'un travail sur la francophonie, lorsque Wadii Mhiri devait un animer un atelier pour de jeunes Tunisiens.

L'artiste devait gérer trois groupes de trente personnes, le temps d'une après-midi avec comme thématique choisie «La mer mère». Il explique : «J'ai choisi de dessiner le monde en présentant des toiles circulaires pour les jeunes participants. Le travail s'est déroulé sur trois étapes : au crayon, au collage, au dessin. Le résultat était excellent. Mais qu'allons-nous en faire après ? C'est ainsi que l'idée d'en faire une exposition était née et que j'ai eu l'idée d'envoyer les créations dans des bagages à main, des valises, un peu partout dans différents pays, en incitant ensuite d'autres correspondants adolescents à répondre, et ce, en usant du même médium et en jouant sur cette notion du voyage. Une dynamique s'est créée, elle a grandi, jusqu'à prendre cette forme finale.

C'était vraiment un défi à mener à bout dans un temps serré et sans l'implication et la persévérance de tous ces jeunes, rien n'aurait pu se faire». Une valise, provenant de jeunes collégiens, a pu quitter le territoire libanais à temps avant le déclenchement des derniers bombardements menés récemment par Israël sur le Liban. L'exposition, qui possède une portée multiculturelle et profondément humaine, reste accessible jusqu'au 8 décembre 2024.

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