Pour la première fois depuis les législatives et la présidentielle de décembre 2023, Moïse Katumbi et Martin Fayulu, deux figures majeures de l'opposition congolaise, se sont rencontrés à Genval, en Belgique, le 7 décembre dernier. Un entretien qui fait grand bruit d'autant que les deux hommes entendent faire front commun contre le projet de modification de la Constitution porté par le président Félix Tshisekedi.
C'est une rencontre inédite depuis la dernière présidentielle en RDC, en décembre 2023. Moïse Katumbi et Martin Fayulu qui s'étaient éloignés l'un de l'autre, ces derniers mois, en raison de leurs profondes divergences sur la conduite à tenir face au deuxième mandat de Félix Tshisekedi, ont accordé leurs violons. Et le lieu choisi pour le faire, n'est pas un fait du hasard. Genval représente, en effet, un symbole fort pour l'opposition congolaise puisque c'est là-bas même qu'en 2016, elle s'était retrouvée pour former son « Rassemblement » anti-Joseph Kabila, le président d'alors, afin exiger son départ. « Comme nous l'avons fait contre Kabila, nous allons le faire contre Tshisekedi », a d'ailleurs déclaré Martin Fayulu.
Il y a lieu de se poser des questions sur leurs capacités à faire fléchir Tshisekedi
Si, pour l'heure, peu d'informations ont filtré sur le contenu exact de leurs échanges, on peut aisément affirmer que les deux hommes politiques, en alliés de circonstance, vont formaliser leur rapprochement pour s'opposer à l'initiative politique de Félix Tshisekedi. Plusieurs stratégies d'actions communes de terrain ont été définies au cours de cette rencontre ; lesquelles seront rendues publiques dès la semaine prochaine. Au regard de ce qui précède, on peut affirmer que les prochaines semaines promettent d'être chaudes en République démocratique du Congo (RDC) où toutes les forces politiques et sociales semblent décidées à marquer leur volonté « d'intensifier les actions contre la dictature, le changement ou la révision constitutionnelle ».
Entre alliances, rivalités, trahisons et sentiments de revanche, auxquels ces deux acteurs de la scène politique ont habitué les Congolais, il y a lieu de se poser des questions sur leurs capacités à faire fléchir Tshisekedi. Parviendront-ils à leurs fins face à un Tshisékédi décidé à voir son projet aboutir ? On attend de voir. En tous les cas, la RDC n'a pas besoin de s'enfoncer davantage dans la chienlit, face aux turpitudes d'une classe politique qui continue de faire du tort au peuple congolais. Il faut éviter d'ajouter une autre crise à la crise sécuritaire dont le pays a toujours du mal à se dépêtrer.