Rassembler des étudiants du monde entier et permettre aux personnes en situation de handicap de mettre en valeur leurs talents, ainsi que de participer à des échanges et des réflexions. C'est dans cette optique que l'International Council for Physically and Mentally Challenged Student Quality Circle, en Inde, a tenu cette semaine une conférence à la City Montessori School de Lucknow. La Southern Handicapped Association (SHA), qui accueille, à travers son école SEN, des personnes atteintes de troubles du développement, a représenté l'île Maurice à cet événement.
L'ONG est la seule école SEN de Maurice à avoir pu y participer. La délégation comprend neuf élèves âgés de 17 à 29 ans et atteints de handicaps intellectuels et physiques, dont deux se déplaçant en fauteuil roulant. Trois membres du personnel, dont deux éducateurs et un head carer, les ont accompagnés. La conférence a pris fin hier.
«Nous avons participé à des spectacles de danse et préparé des analyses. Nous nous sommes sentis intégrés, fiers de représenter l'île Maurice et respectés au même titre que les autres personnes. Mes proches me manquent, mais la culture indienne m'apporte une familiarité et un sentiment d'appartenance. Notre projet était axé sur les problèmes aux- quels nous sommes confrontés dans la société et sur les actions à entreprendre pour améliorer la situation, et notre message. Il y a beaucoup à faire en termes d'accessibilité, pour que nos voix soient légitimées et entendues, et pour que la société mette en avant nos capacités», confie Dhanush Chanaan, âgé de 22 ans, qui a participé à la conférence.
Un changement de paradigme nécessaire
Rashvin Bondee, éducateur accompagnant les étudiants, exprime sa satisfaction quant à l'opportunité d'apprentissage et au travail des étudiants. Il souligne toutefois l'absence de politiques inclusives au vrai sens du terme à Maurice et la nécessité d'un changement de philosophie et d'un processus de réflexion lors de l'élaboration des politiques concernant ce secteur.
«Les moindres détails ont leur importance. Par exemple, en août, la SEN Authority a organisé un film screening pour les élèves SEN dans des salles de cinéma à travers l'île. Bien que nous soyons conscients que, comme beaucoup d'infrastructures à Maurice, les salles de cinéma peuvent ne pas être inclusives et accessibles, il a été conseillé aux écoles SEN de ne pas amener les élèves se déplaçant en fauteuil roulant lors de l'événement. C'est intrinsèquement paradoxal, car cela va à l'encontre de l'objectif même de promouvoir l'inclusion. Des solutions telles que l'organisation de projections de films en plein air ou la recherche d'autres centres de convention auraient pu être envisagées.»
L'enseignant ajoute : «Une grande partie de la question est la volonté de trouver des solutions à travers une consultation active avec les ONG plutôt que d'en faire des bénéficiaires passifs de politiques "généreuses", si on veut atteindre l'objectif réel. Ils n'ont pas pu le faire dans notre propre pays, alors que nous avons pu amener deux étudiants en fauteuil roulant en Inde pour qu'ils apprennent et revendiquent un espace mérité et légitime lors d'une conférence», souligne-t-il. La Southern Handicapped Association a également été invitée au cours de cette conférence, pour un événement de danse qui se tiendra l'année prochaine à Delhi pour les personnes atteintes d'un handicap.