Alors que le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, aurait souhaité consacrer sa première conférence de presse aux mesures prises pour stabiliser la roupie, il a dû s'attaquer aux dossiers brûlants de la Mauritius Investment Company (MIC) en exposant l'étendue de la fraude sous son ancienne direction après un premier cas rapporté dans la presse. «Cette transaction a été faite et accélérée alors que les élections étaient déjà déclarées», confie le gouverneur à la presse hier après-midi.
Rama Sithanen, qui s'est exprimé en solo sans ses deux adjoints, a soutenu que ce cas d'abus, qui fait l'objet d'une enquête politique, ayant entraîné la suspension de son CEO, Jitendra Bissessur, est un «clear-cut case of defrauding public funds». Il explique que les directeurs du board de la MIC tout comme ceux de la société bénéficiaire ont refusé de s'associer à ce projet en dénonçant cette pratique. «Notre enquête préliminaire a démontré qu'au moins 11 conditions, dont celle portant sur l'utilisation du fonds n'ont pas été respectées», souligne le gouverneur qui insiste qu'il peut promettre à la population que tout sera fait pour récupérer l'argent. «Nous avons la capacité d'engager un audit trail pour faire la lumière sur ce cas qui concerne un montant de Rs 45 millions et sur d'autres», dit-il.
L'ex-CEO de la MIC a incriminé un membre de l'ancienne direction de la Banque de Maurice (BOM) qui lui aurait ordonné d'agir ainsi alors que ce dernier aurait aussi pointé le doigt vers un autre VVIP.
La Silver Bank, même s'il ne concerne pas directement la MIC, a fait l'objet hier des explications de Rama Sithanen. Sous tutelle de la Banque de Maurice en février 2024, cette banque a comme principale actionnaire l'épouse de Prateek Gupta, un Indien dont les avoirs ont été gelés pour fraude à l'encontre de la société Trafigura. Celui-ci a bénéficié, selon le gouverneur, de la majorité de prêts selon un mécanisme établi, tout comme, dit-il, certains bénéficiaires mauriciens.
La Silver Bank ne pourra jamais, selon Rama Sithanen, honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers vu que la totalité de ses actifs chiffrés à Rs 8,3 milliards est identique au même montant que ses provisions pour des créances douteuses, soit Rs 8,1 milliards. Il s'élève contre l'intervention du ministère des Finances qui a encouragé des institutions à déposer des fonds dans cette banque alors que celle-ci était déjà «un lost case».
Le gros de la conférence de presse était axé sur l'historique de la MIC, les différentes catégories des bénéficiaires et les options dont il étudie pour que la MIC n'opère plus sous la coupole de la Banque de Maurice. «Au 30 juin 2024, les résultats consolidés de la MIC ont lourdement affecté le bilan financier de la Banque de Maurice», remarque le gouverneur Sithanen.