Le défi pour la relance économique de Madagascar n'est pas facile à relever. Victime d'instabilité politique à répétition, la Grande Ile continue de vivre dans la pauvreté absolue.
Les statistiques publiées ces dernières années placent Madagascar dans le top 20 des pays les plus pauvres au monde. Mais l'espoir d'un lendemain meilleur est permis car les perspectives pour les prochaines années sont plutôt encourageantes.
Cercle vicieux
Selon les données officielles de la Banque mondiale, le PIB de Madagascar est estimé à 16,03 milliards de dollars en 2023. Le taux de pauvreté dépasse les 80% de la population. Dans les différents classements des États les plus pauvres au monde, Madagascar se retrouve parmi un certain nombre de pays africains comme le Libéria, le Malawi, le Niger, le Mozambique, le Burundi, le Sud Soudan, le Burkina Faso, la Gambie, le Tchad, la République Centrafricaine, la Sierra Leone...
Un rapport publié en 2024 sur la pauvreté à Madagascar, indique notamment que « Madagascar est enfermé dans le cercle vicieux de la pauvreté depuis des décennies et risque de ne pas en sortir si les conditions d'une croissance partagée et soutenue ne sont pas mises en oeuvre ». Le rapport précise qu'en 2022, 75,2 % de la population nationale était pauvre : 79,9 % dans les zones rurales et 55,5 % dans les zones urbaines.
« Alors que la pauvreté rurale a légèrement diminué au cours de la décennie, la pauvreté urbaine a connu une augmentation significative de 31,5 %. Cette augmentation a été particulièrement spectaculaire dans les villes secondaires, où la pauvreté est passée de 46 % à 61 % ». Toujours selon la Banque mondiale, cette montée en flèche de la pauvreté urbaine peut être attribuée à divers facteurs, particulièrement la diminution des opportunités économiques, la détérioration de l'environnement des affaires et le manque d'investissement dans l'éducation, la santé et l'infrastructure urbaine. « La pandémie de Covid-19 et une série de cyclones ont exacerbé la pauvreté urbaine, entraînant des pertes d'emploi et des baisses de revenus parmi les ménages urbains. La migration lente mais continue des zones rurales vers les zones urbaines en raison de la grande pauvreté, de la fécondité élevée et de la vulnérabilité aux chocs a aggravé le problème ».
Possible embellie
Mais la donne pourrait changer et tendre vers une amélioration de la situation. En effet, selon toujours les prévisions de la Banque mondiale, « la croissance devrait s'accélérer pour atteindre une moyenne de 4,6 % sur la période 2024-2026, impulsée par des effets de base favorables, d'opportunités commerciales et touristiques accrues et d'un nouvel élan pour l'investissement privé à la suite de réformes structurelles percutantes dans des secteurs clés tels que l'exploitation minière, les télécommunications et les technologies numériques, ainsi que du climat d'investissement ».
La loi de finances initiale pour 2025, mise également sur une possible embellie économique, avec une prévision de croissance de 5% tirée notamment de la mise en oeuvre de projets structurants sur deux secteurs prioritaires comme l'autosuffisance alimentaire et l'énergie ainsi que d'une meilleure gestion et coordination des financements extérieurs. Sur ce point d'ailleurs, le pays continue de bénéficier de la confiance des bailleurs de fonds internationaux. À commencer par le FMI, avec qui, Madagascar, rappelons-le, opère un programme de réformes, financé par la Facilité élargie de crédit et qui fait office de robinet pour les financements des autres partenaires techniques et financiers.