Au Cameroun, la nouvelle a fait bondir les défenseurs des droits humains. Trois ONG sont suspendues pour trois mois et deux autres sont interdites. Deux entités du Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), l'Association charitable socio-culturelle du Cameroun ainsi que l'ONG Reach Out Cameroon basée à Buea, dans le sud-ouest du pays, sont notamment visées.
Paul Atanga Nji, le Ministre de l'Administration territoriale du Cameroun, a justifié la suspension de trois ONG et l'interdiction de deux autres. Il a cité des soupçons de « financements illicites », évoquant également de possibles cas de « blanchiment de capitaux », ainsi que de « financement du terrorisme ».
Le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), visé par cette décision, a mis en place une cellule de crise pour tenter de répondre à ce qu'il juge être une attaque contre la liberté d'association.
« Cette décision n'a aucun fondement juridique »
« On est bouleversés. Il n'y a pas longtemps, on parlait encore des questions d'examen périodique universel, des questions de comité contre la torture, des questions de la situation des droits humains au Cameroun avec le gouvernement camerounais. Donc, c'est curieux pour nous. Mais après, on n'est pas tout à fait surpris, parce que c'est depuis 2014 au Cameroun que l'on vit sous les soubresauts de l'administration territoriale et ces tentatives récurrentes de faire taire les défenseurs de droits humains », dénonce Cyrille Rolande Béchon, directrice exécutive de l'ONG Nouveaux droits de l'homme au Cameroun qui coordonne la cellule de crise.
« Cette décision n'a aucun fondement juridique. Ça n'a vraiment pas de raison d'être. Nous nous organisons pour réagir. Nous avions prévu des activités pour le 10 décembre, nous comptons les maintenir. Nous serons sur le terrain à partir de demain pour que les organisations soient toutes ensemble en solidarité au Redhac pour décrier, dénoncer cette décision et appeler à la protection des défenseurs des droits humains au Cameroun », ajoute-t-elle.