Organisée récemment par Renatura Congo dans la communauté urbaine de Madingo Kayes, située dans le Kouilou, la septième édition du Festival de la mer a permis d'instruire les pêcheurs artisans de ce département et ceux de Pointe-Noire sur les dangers de la pollution marine plastique. Elle a aussi été une occasion de réfléchir sur des solutions pour lutter contre ce phénomène aux multiples conséquences touchant à la fois les domaines économique, sanitaire et environnemental.
La rencontre ouverte par Anne Marthe Nombo, maire de la communauté urbaine de Madingo-Kayes, a eu lieu le 22 novembre dernier, dans la salle de conférence de cette entité administrative. Elle a été une occasion pour l'association de préservation de la biodiversité et de protection des tortues marines, Renatura Congo, qui existe depuis bientôt vingt ans, de présenter ses activités. Il s'agit notamment de la protection des tortues marines (tortues vertes et luth) et du suivi des pontes dont le nombre enregistré dans la période de 2022-2023 s'avère être le plus mauvais (885 nids), en comparaison aux périodes précédentes.
Des résultats dus, selon Nathalie Mianseko, directrice de Renatura Congo, entre autres, aux conséquences des changements climatiques et à la pêche illégale. Les autres activités de l'organisation non gouvernementale présentées sont l'éducation et la sensibilisation à l'environnement, l'appui à la création et à l'opérationnalisation de la réserve marine communautaire de Loango, l'appui à la redynamisation de l'océanographie en partenariat avec l'Irsen.
Promouvoir les richesses de la biodiversité marine et valoriser le secteur de la pêche, c'est l'objectif principal que s'est fixée l'association Renatura à travers le festival de la mer. Sa septième édition a réuni les chefs de villages côtiers, les représentants des pêcheurs artisans et des organisations environnementales partenaires du Kouilou et de Pointe-Noire.
Organisé à l'occasion des Journées mondiales de la mer et des pêcheurs artisans et des travailleurs de la mer chaque 21 novembre, ce festival se veut être un espace permettant de discuter des pratiques et méthodes à adopter en vue d'une pêche durable au Congo. En effet, face aux défis de préservation des ressources halieutiques pour les générations actuelles et futures, Renatura Congo a jugé important de rappeler à tous ces acteurs le lien qui unit l'homme à la mer.
L'événement a été une occasion de sensibiliser les participants pour éveiller leur conscience aux enjeux et problématiques en lien avec leur activité. Saluant cette initiative qui rappelle l'importance vitale de l'océan et tenant compte des exigences de l'heure en matière de préservation de la nature, Anne Marthe Nombo a saisi l'occasion pour exhorter les pêcheurs «à une pêche intelligente pour ne pas verser dans des pratiques blâmables».
Les activités du festival qui se sont déroulées en groupes ont été un moment d'échange interactif sur les causes et les multiples conséquences de la pollution marine plastique, véritable menace qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Il en ressort que le plastique qui constitue la fraction la plus importante, la plus nocive et la plus persistante des déchets représente au moins 85 % de la totalité des déchets marins.
Chaque année, plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde dont deux tiers sont utilisés pendant une courte période (dix à vingt minutes) avec un temps de dégradation de plus de 100 ans, tandis que seuls 14 % des déchets plastiques sont revalorisés. Chaque jour, l'équivalent de 2000 camions poubelles remplis de plastiques sont déversés dans les océans, rivières et lacs. D'où la présence, dans l'océan Pacifique Nnord, du 7e septième continent de plastique, zone d'accumulation des déchets plastiques qui s'étend sur 1,6 million de km², soit 4,6 fois la superficie du Congo (342 000 km²).
20 000 km² de filets à pêche disparaissent chaque année dans les fonds marins
Par ailleurs, chaque année, près de 20 000 km² de filets à pêche disparaissent dans les fonds marins ou flottent à la surface de la mer, constituant de véritables pièges pour les poissons. La pollution marine a des conséquences économiques, sanitaires et environnementales. En effet, le plastique altère la qualité des eaux, du sol et les conditions de vie des espèces halieutiques. Elle cause des pertes de production, la rareté des poissons et réduit les stocks d'espèces commerciales. Elle est à l'origine de la diminution de la biodiversité, de l'obstruction des voies navigables, de l'indigestion des poissons et de la contamination de la chaîne alimentaire par les plastiques.
Pour ce qui est du Congo, selon les informations du ministère de l'Environnement, la production journalière des déchets solides à Brazzaville est estimée en moyenne à environ 300 tonnes sur la base de la recherche effectuée. Le taux d'enlèvement de ces déchets par les services impliquées (privés, organisations non gouvernementale et associations, particuliers), est quant à lui estimé à moins de 5%, un taux très faible tenant compte de la quantité des déchets produite.
Pour lutter contre la pollution marine dans le pays et contribuer à la préservation des océans, les participants ont suggéré, entre autres, le développement des activités de recyclage, la création des centres de traitement des déchets adéquats, le triage des déchets, la sensibilisation sur à la bonne gestion des déchets et aux dangers de la pollution marine plastique.
Notons que la communauté urbaine de Madingo-Kayes succède au village de Djeno, qui avait abrité le Festival de la mer l'année passée, sur le thème des changements climatiques et du développement durable. Après un petit quizz et un déjeuner festif, les participants se sont entendus que l'édition de 2025 se déroulera dans la communauté urbaine de Tchiamba Nzassi. Le rendez-vous est donc pris !