La salle des conférences Kampala de Kin Plaza Arjan by Rotana à Gombe a abrité, le samedi 7 décembre 2024, la réunion entre les représentations de la SNEL S.A, Gécamines & Filiales et Big Five. La Société Nationale d'Electricité (Snel SA) a organisé cette rencontre avec ses principaux partenaires miniers pour renforcer la communication entre eux et évaluer le Master Plan de la SNEL SA 2024-2028, plan de stabilisation de la fourniture d'électricité des clients miniers. Les discussions ont également porté sur la réhabilitation des ouvrages de la SNEL.
Dans son mot de circonstance, le Directeur Général de la SNEL, Fabrice Lusinde a salué l'engagement fort des uns et des autres dans le financement de certains travaux des infrastructures énergétiques. Il a aussi parlé de la surcharge du réseau Sud de transport d'énergie où la SNEL a levé le pied, laissant la place aux traders.
Fabrice Lusinde a aussi évoqué les activités de maintenance du réseau électrique avec le concours des miniers comme KCC, TFM, Kamoa et d'autres partenaires, soulignant la nécessité de produire des plans de maintenance et de transport qui doivent être mutualisés dans un souci de transparence. La question de l'accord de financement (80 millions USD) sur la maintenance a aussi été abordée par le DG dans son mot de circonstance.
Le Directeur Général de la Gecamines, Placide Nkala Basadilua, a également pris la parole pour demander aux autre miniers d'être à l'écoute de la SNEL S.A afin de comprendre son fonctionnement, se rapprocher cet opérateur public de l'électricité afin de trouver ensemble des solutions au déficit énergétique qui frappe les miniers.
Pour Placide Nkala, l'on doit « Voir les choses de manière collective, et commencer à réfléchir à l'industrie minière, en plus du problème existent de la maintenance. Il a pris l'exemple de la ville de Kolwezi qui dispose de 29 unités de production minière mais qui ne disposent pas de gisement. Il faudrait travailler ensemble pour franchir le cap du déficit énergétique, pour la construction de nouvelles unités de production énergétique et comment trouver les solutions ensemble avec la Snel », a-t-il conclu.
Dans la suite de la rencontre, les directeurs de production et de transport de la SNEL ont présenté les défis l'opérateur public de l'électricité, le Plan de maintenance, le Master Plan (Plan d'investissement) et la question du déficit énergétique avec le contrat STL. Il est à retenir, ici, que la SNEL a payé 200 millions USD sur une somme de 1 milliards 200 millions de dollars d'investissement des miniers dans la réhabilitation et construction des infrastructures énergétiques.
« Ces clients retiennent mensuellement 40% sur les factures qu'ils reçoivent de la SNEL en guise de remboursement étalé sur 7 ans, délai très court à cause du risque pays que représente la RDC », a précisé le DG Lusinde, éclairant la lanterne de l'assistance. Il a également indiqué que les miniers ont dépensé pratiquement 800 millions USD pour des parcs thermiques en vue de leurs productions minières (achat de carburant), des fonds qui pouvaient bien servir à construire une unité de production énergétique (barrage).
La SNEL évolue sous pression, incapable de respecter ses contrats de fourniture aux miniers sur la base des contrats signés il y a quelques années. L'opérateur doit par exemple gérer des situations difficiles, comme le cas de la construction en cours d'un nouveau barrage sur la rivière Luilu où les eaux sont retenues et perturbent le fonctionnement des barrages de Nzilo et Nseke (dans le Katanga), en plus des problèmes à Inga 1 avec le G25, la problématique des réseaux des villes transfrontalières fournies en électricité par des sociétés d'électricité des pays voisins, etc.
Un autre problème crucial souligné, c'est celui du changement climatique ayant impacté sur la production de la Snel à Inga 1 et 2 depuis juillet 2024, avec des crues importantes et des etiages sévères. L'eau est la matière première de la Snel, et la qualité et la quantité ont chuté, le fleuves et d'autres cours d'eau charrient d'énormes quantités de déchets qui finissent dans les machines des centrales, de troncs d'arbres, etc. Et lors de l'étiage, la Snel est obligé d'arrêter certaines turbines de ses barrages, car le seuil critique d'exploitation étant atteint ; et cela ralentit fortement l'activité des miniers.
Aussi la demande a été faite de se mettre autour d'une table et revoir les contrats avec les sociétés minières de manière à les réajuster à la réalité.
L'opérateur public de l'électricité préconise des mesures palliatives à court terme pour équilibre l'offre et la demande des miniers, dont l'application du Plan de délestage, le Plan de sauvetage du réseau, le moratoire sur le raccordement des nouveaux clients Moyen tension, et le renforcement du Système de contrôle d'acquisition des données (Scada). La Snel est aussi focus sur le Master Plan à Moyen terme de 2024 à 2028, avec entre autres projets, la réhabilitation du Groupe 24 à Inga 1, avec le concours de l'entreprise chinoise CNEEC, pour un gap fixé de 500 MW à produire en 2028. Il y a également le poste de Kasumbalesa désormais opérationnel.
Le groupe KCC SA et Snel SA ont collaboré ensemble dans le projet FRIPT de 2010 à l'horizon 2021 pour la production de 450 MW pour un coût de 500 millions USD. Ce projet a permis à Inga d'injecter plus de 500 MW dans le réseau (ce qui était impossible en 2010) avec la réhabilitation et la construction des installations critiques de la Snel.
Le Groupe Tenke Fungurume Mining (TFM) a, pour sa part, présenté le projet Nseke pour un coût 100 millions USD pour apporter plus de stabilité d'énergie, et un deuxième projet de production de 170 MW afin de permettre à la Snel d'amortir progressivement le premier investissement de 100 millions USD. Le projet Nseke a 4 étapes : fourniture des transformateurs, réhabilitation de la centrale de Nseke, équipement du Poste et réhabilitation de la ligne 120 kV pour passer à 220 kV.
Ivanhoé Mines Energy et la Snel sont sur un projet de transport d'énergie Nseke - RO, de 132 à 248 MVA, sur une distance de 48,5 km. La durée est de 10 mois. ERG et la Snel ont travaillé sur la Centrale de Koni, notamment la réhabilitation de G1 et G3 pour un coût de 25 millions USD. Les autres présentations ont concerné Blue Energy pour le comptage de consommation avec la technologie de prépaiement, le groupe zambien Copperbelt Energy Corporation qui travaille pour l'Interconnexion, avec le but d'apporter 400 MW Elsewedy Electric d'Égypte qui a participé à la construction du nouveau Poste de Kasumbalesa.
« La SNEL veut donc renforcer la dynamique et la communication avec les miniers, afin de surmonter ensemble des écueils et obstacles, et répondre présent face aux enjeux nationaux, régionaux et internationaux de l'énergie. Et pour cela l'on devrait prévoir une planification des actions en 2025, mettre à jour le Master Plan investissement et maintenance », a conclu le DG Lusinde.