Le renversement de Bachar al-Assad est un important revers pour son allié, Vladimir Poutine. Cette déroute résonne jusqu'au au Mali, où le pouvoir est également soutenu par la Russie.
Au Mali, la chute du président syrien Bachar al-Assad a surpris la population. Ce pays sahélien a en effet noué, depuis 2022, un partenariat militaire avec la Russie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Certains habitants de Bamako n'hésitent donc pas à comparer les cas maliens et syriens, en se demandant si l'abandon de la Russie pourrait se reproduire dans le Sahel.
Bachar al-Assad était perçu, par une grande partie de la population malienne, comme un "héros" qui aurait résisté face à ce qu'on qualifie ici de "tentative de déstabilisation de la Syrie par les puissances extérieures".
Sa chute prématurée ne rassure pas Abdoul. Ce mécanicien estime que "ce qui vient de se passer en Syrie est assez incroyable. Nous devons surveiller la situation chez nous. Je ne dis pas que le même scénario va se produire au Mali, mais nos autorités doivent redoubler de vigilance. Ces groupes extrémistes violents sont capables de tout, car ils ont vendu leur âme au diable. Un militaire de l'armée régulière est beaucoup plus dans la planification. Quant aux groupes djihadistes, ils sont plutôt imprévisibles et peuvent donc frapper à tout moment".
Se méfier des comparaisons hasardeuses
Beaucoup de Maliens se demandent comment le régime de Bachar al-Assad a pu être renversé aussi facilement, alors que ce dernier bénéficiait de la protection de la Russie de Vladimir Poutine.
Mais pour Zana, électricien, le cas malien n'est pas comparable à la situation en Syrie.
Il note que "cela fait longtemps que Bachar al-Assad est en guerre. Il s'est affaibli pendant que ses ennemis se sont renforcés. Je ne sais pas comment, mais ils ont repris des forces contre lui, subitement. Son régime s'est effondré très facilement. Mais je n'ai pas de craintes. Je crois que ce n'est pas la même chose. Nos djihadistes ici sont différents. En Syrie, ce sont d'autres revendications."
En novembre dernier, lors de la première conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique à Sotchi, le chef de la diplomatie malienne avait vanté la collaboration entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dans le cadre de l'Alliance des Etats du Sahel, en collaboration avec Moscou.
Pour Abdoulaye Diop, l'AES est "une réponse adaptée au défi sécuritaire dans la région".