Soudan: Crimes de guerre au Kordofan du Sud

Une carte montrant l’emplacement du Nord Kordofan au Soudan.
communiqué de presse

Les Forces de soutien rapide (RSF) ont attaqué deux villes, tuant des civils et semant la destruction

  • Les Forces de soutien rapide (RSF) et des milices arabes alliées ont perpétré de nombreuses exactions contre des civils dans le comté de Habila, dans l'État soudanais du Kordofan du Sud, de décembre 2023 à mars 2024, lors du conflit avec les Forces armées soudanaises (SAF) et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord SPLM-N).
  • Ces exactions constituent des crimes de guerre et comprennent des meurtres, des viols et des enlèvements de résidents de l'ethnie Nouba, ainsi que le pillage et la destruction de maisons. Elles ont entraîné des déplacements massifs, transformant Habila et Fayu, non loin de là, en villes fantômes.
  • Les Nations Unies et l'Union africaine devraient déployer d'urgence une mission pour protéger les civils au Soudan.

Les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF) ont tué des dizaines de civils et blessé, violé et enlevé de nombreuses autres personnes lors de vagues d'attaques à Habila et Fayu, deux villes de l'État du Kordofan du Sud au Soudan, entre décembre 2023 et mars 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ces attaques, menées principalement contre des habitants membres de l'ethnie Nouba et ayant précédemment fait l'objet d'une faible couverture médiatique, constituent des crimes de guerre.

« Les exactions commises par les Forces de soutien rapide contre des civils au Kordofan du Sud sont emblématiques des atrocités qui continuent d'être perpétrées dans tout le Soudan », a déclaré Jean-Baptiste Gallopin, chercheur senior auprès de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Ces nouvelles constatations soulignent la nécessité urgente de déployer une mission pour protéger les civils au Soudan. »

Pendant 16 jours en octobre, des chercheurs de Human Rights Watch ont visité des zones dans la région des monts Nouba au Kordofan du Sud, contrôlées par le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (Sudan People's Liberation Movement-North, SPLM-N), un groupe armé principalement d'origine ethnique nouba qui contrôle des parties de cet État depuis des décennies. Les chercheurs ont visité des sites abritant des dizaines de milliers de personnes déplacées, principalement des Noubas, qui ont fui les zones contrôlées par les Forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces, SAF) ou les forces RSF, qui se battent pour le contrôle du pays, au Kordofan du Sud et dans d'autres régions du Soudan.

Les chercheurs ont mené des entretiens avec 70 personnes déplacées, dont 40 survivants des attaques menées par des combattants RSF contre Habila, Fayu et les villages voisins, et ont analysé des images satellite enregistrées entre décembre 2023 et octobre 2024. Les chercheurs ont également mené des entretiens avec 24 autres personnes, dont des travailleurs humanitaires, des responsables locaux et d'autres personnes connaissant la région.

Human Rights Watch a documenté les meurtres de 56 personnes non armées lors de ces attaques, dont 11 femmes et 1 enfant, sur la base d'entretiens avec des témoins. Les combattants RSF ont tué des personnes en les exécutant dans leurs maisons, et ont abattu d'autres personnes dans la rue. Les chiffres réels pourraient être nettement plus élevés, étant donné que la plupart des personnes ont fui dans diverses directions après les attaques.

Human Rights Watch a également documenté le viol de 79 femmes et filles, y compris dans un contexte d'esclavage sexuel, sur la base d'entretiens avec des survivantes, des témoins et des proches et ami-e-s des victimes.

Le 25 novembre, Human Rights Watch a envoyé par courrier électronique un résumé détaillé de ses conclusions, accompagné de questions spécifiques, au lieutenant-colonel Al-Fateh Qurashi, porte-parole des forces RSF, mais n'a pas reçu de réponse à ce jour.

Depuis le début du conflit entre les forces SAF et les forces RSF en avril 2023, des centaines de milliers de personnes ont fui vers le territoire contrôlé par le mouvement SPLM-N ; ce territoire était une zone de conflits tout au long des années 2010, mais est actuellement l'une des régions les plus stables du Soudan. Des affrontements ont eu lieu entre les SAF, les RSF et le SPLM-N dans d'autres parties du Kordofan du Sud, à la frontière des zones contrôlées par les SAF et les RSF. Parmi les zones touchées figuraient les villes de Habila et Fayu, ainsi que les villages voisins, tous situés dans le comté de Habila.

Le 31 décembre 2023, les forces RSF ont attaqué la ville de Habila, tenue par les FAS. Ce jour-là et les jours suivants, des combattants RSF ont tué au moins 35 civils et combattants qui étaient alors non armés, lors d'attaques délibérées et indiscriminées. Les combattants RSF ont blessé d'autres civils, et violé des femmes et des filles. Ils ont également commis de nombreux actes de pillage, infligés aux civils.

 

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