Tunisie: 4e édition du festival international «Red Sea» - «Selma et Kamar de Ahd Kamel» (Arabie saoudite) - Un psychodrame audacieux

9 Décembre 2024

L'oeuvre traite du rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte dans une société ultra conservatrice. Aborder ce sujet au cinéma est assez audacieux et dénote la métamorphose de la société, qui accepte désormais de voir à l'écran une actrice saoudienne jouer un rôle aussi osé.

Les séances des films saoudiens et égyptiens sont toujours sold out. Le public saoudien s'intéresse à son cinéma et, également, au cinéma égyptien. La programmation du festival international du film Red Sea est une combinaison entre films d'auteurs peu nombreux d'ailleurs et films grand public pour ne pas dire commerciaux.

Parmi les films saoudiens, «Selma et Kamar» (My driver and I) est le plus audacieux au niveau des sujets qu'il aborde : la femme, la jeunesse et les minorités notamment soudanaises. Salma est une jeune fille, seule enfant d'une famille aisée. Élève dans un lycée, ses parents mettent à sa disposition un chauffeur, Kamar, pour la conduire de la maison au lycée et du lycée à la maison. Or, de temps à autre, ils font une virée au bord de la mer pour manger une glace.

Selma fait la connaissance d'un jeune garçon de son âge et tente de le rencontrer en cachette de ses parents. Mais Kamar, qui a la responsabilité de la surveiller, n'accepte pas son comportement et sans la dénoncer il lui interdit de sortir avec ce petit ami de peur des conséquences des écarts qu'elle peut commettre. Une dispute éclate entre eux, Salma remet Kamar à sa place de chauffeur alors que lui la considère comme sa propre fille.

Ce dernier décide alors de présenter sa démission à ses employeurs et de retourner vivre dans son pays, le Soudan, où l'attendent sa femme et sa fille. Alors que Selma vit le deuil de son père mort subitement. L'oeuvre traite du rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte dans une société ultra conservatrice où la femme n'a pas le droit de s'adresser à un homme étranger à sa famille. Le fait même d'aborder ce sujet au cinéma est assez audacieux. Cela dénote la métamorphose de la société qui accepte désormais de voir à l'écran une actrice saoudienne jouer un rôle aussi osé est une avancée pour la femme saoudienne.

Le cinéma saoudien veut donner une image plus tolérante à l'égard des minorités étrangères qui sont souvent traitées comme de simples subalternes au service de l'aristocratie et non comme des personnes ayant des droits humains qui les protègent des abus.

La réalisatrice a choisi un traitement filmique linéaire soigné, faut-il le souligner, à partir d'un scénario bien ficelé et une direction d'acteurs bien mené pour ce psychodrame dans lequel s'est distinguée particulièrement la jeune actrice.

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