Il n'y aurait pas de mal à s'inspirer des expériences récentes des pays nordiques et d'en tirer les leçons qui s'imposent d'autant qu'on est sur le point de mettre sur pied une réforme d'envergure du système éducatif.
On ne cherche pas à imiter d'autres expériences et à les transposer telles quelles. Loin de nous cette tentation. Toutefois, pourrait-on mieux analyser les faits et les adapter à nos exigences.
Accros aux réseaux
Au niveau psychologique, les nombreuses études sur l'influence des appareils numériques sur les jeunes ont démontré que, pour l'heure, la balance penche, plutôt, du côté des risques.
C'est pourquoi la tendance actuelle est en faveur d'un retour au manuel. C'est-à-dire ce que l'on peut toucher et voir et non en faveur du virtuel. Il s'agit, en fait, de créer un équilibre entre les méthodes classiques et le recours aux méthodes novatrices.
Nos enfants sont placés depuis le préscolaire dans un environnement détaché du réel. Dans les nombreuses crèches, des enfants âgés de moins de 5 ans sont confinés dans de petits espaces sans accès à l'extérieur (aires de jeux, par exemple).
Dans d'autres institutions réservées à la petite enfance, l'unique activité disponible consiste à offrir des heures et des heures de dessins animés surannés ou des activités respectant le strict minimum exigé.
Mais on peut faire le même reproche à tous les autres niveaux. Le constat est le même partout. Où qu'ils soient, jeunes et moins jeunes sont "collés" à leurs smartphones. À la maison, ils se mettent devant leurs ordinateurs.
Les activités physiques sont, totalement, bannies. Pourtant, que de ressources sont à exploiter et à remettre au goût du jour ! Il est malheureux de voir que la panoplie de jeux de société et ceux auxquels se livraient les écoliers et les jeunes dans les cours de récréation ou dans d'autres espaces n'ont plus leur place.
Retour aux classiques
Au lieu de passer tout son temps les yeux enfoncés dans un écran, nos jeunes gagneraient à s'adonner à d'autres jeux plus instructifs capables de rompre l'isolement dans lequel ils se trouvent.
Ces jeux, une fois remis à la mode, ne manqueront pas d'avoir leur impact positif et de cultiver l'aspect communautaire. En effet, ces jeux se font à deux ou plus. Ils développent l'intelligence et renforcent les liens d'amitié entre les joueurs. Qui ne se rappelle pas les jeux de cartes ou d'échecs dont le mérite est d'augmenter la capacité à opérer les combinaisons et à adopter des stratégies. Ceci sans oublier le côté ludique et attrayant.
Il y a, bien entendu, une infinité d'autres jeux auxquels il faudrait revenir pour délivrer nos jeunes de l'emprise des réseaux sociaux et de leurs conséquences néfastes sur leur éducation.
La famille, d'un côté, l'école et la société civile, de l'autre, ont leur contribution à apporter dans cette entreprise.
Les institutions d'éducation de l'enfance, en premier, sont concernées par la restauration et la réhabilitation de ces activités qui ne demandent pas d'investissements ou d'équipements exceptionnels.
Les jeux comme la marelle, la corde à sauter, le jeu des erreurs, le touché-coulé, etc. n'ont pas perdu de leur actualité.
D'autres espaces, à l'instar des maisons des jeunes ou de la culture, les clubs d'enfants, sont appelés à mieux exploiter les potentialités qui existent chez tous les jeunes en les incitant à former des équipes de tennis de table, de pétanque (la Tunisie occupe une bonne place au niveau international dans cette discipline). L'important, c'est de les aider à se détacher, autant que faire se peut, de la prison virtuelle où ils se sont enfermés.
Quand on voit que tous les jeux dont nous avons parlé se basent sur l'esprit de groupe et sur l'émulation saine, on mesure à sa juste valeur l'intérêt qu'il faut leur accorder.
Ce n'est pas être trop naïf que de croire en la volonté des uns et des autres pour voir se réaliser de tels souhaits.