Afrique de l'Est: Des pays de la région de l'Afrique de l'Est prêts à amorcer une nouvelle étape

9 Décembre 2024

Cette nouvelle étape est l'expression et l'ambition de ces pays d'envisager une stratégie de développement économique qui dépasse les limites de leurs frontières respectives. Donc de jouer à fond la carte régionale, une option que les différents blocs de coopération tant commerciale qu'économique existants devraient aider à se préciser et à se manifester.

Jamais la possibilité de se doter d'un instrument pouvant potentiellement consolider et renforcer leurs liens, tant commerciaux qu'économiques, en raison de l'existence de toute une panoplie de blocs de coopération, et qui pourrait éventuellement favoriser l'émergence d'une formule capable de faire de l'intégration régionale une réalité sur ces deux plans, n'a été si fortement ressentie que lors du déroulement des travaux d'une conférence d'une durée d'une demi-journée, le 2 décembre, à l'hôtel Hennessy Park, Ébène. Organisée par BLC Robert & Associates, un cabinet d'avocats d'affaires opérant à Maurice et sur le continent africain, cette conférence avait pour principal objectif de rendre plus visibles et accessiblesles opportunités d'affaires des pays faisant partie de la région de l'Afrique de l'Est susceptibles d'attirer des investisseurs potentiels et qui pourraient éventuellement prendre avantage de la position stratégique de Maurice dans cette région.

Pour Jason Harel, Senior Partner de BLC Robert & Associates, il n'y a pas de doute sur le mode de développement que les pays faisant partie de la région de l'Afrique de l'Est voudraient envisager.«L'Afrique de l'Est», explique-t-il, «se développe déjà en tant que bloc économique avec un transfert dans les économies du Kenya, de la Tanzanie, de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de l'Éthiopie.»

Point culminant de développement

Jason Harel estime que la dynamique économique dont les pays de la région font déjà preuve est une invitation on ne peut plus claire pour la canaliser afin que celle-ci puisse atteindre le point culminant de son développement. «Étant donné que les entreprises font la démonstration de leur détermination de passer du statut de champions nationaux à celui de champions régionaux», soutient-il, «il serait souhaitable que nos grandes entreprises exploitent les compétences et le capital dont elles disposent pour mieux assurer l'évolution du niveau de leur croissance économique. Nous avons certaines entreprises qui peuvent se développer dans la région, comme dans le secteur de l'hôtellerie, dans la fabrication de produits pour la grande consommation.Nous avons été témoins de l'impressionnant parcours du groupe IBL sur le continent africain durant les deux et trois dernières années. Une performance tout à compréhensible si on tient compte du fait que l'Afrique de l'Est a le deuxième taux de croissance le plus élevé au monde.»

Pour le Senior Partner, le constat voudrait autre chose en termes de relations économiques par rapport à ce qui se passe sur le terrain dans le cadre des perspectives offertes déjà par les blocs économiques existants comme l'African Continental Free Trade Area (AfCFTA), un accord commercial impliquant 55 pays du continent africain, sur les dynamiques commerciales de la zone, particulièrement au sein de l'East African Community (EAC) une organisation intergouvernementale composée du Burundi, du Kenya, du Rwanda, du Soudan du Sud, de la Tanzanie et de l'Ouganda.

L'ambition tanzanienne

La Tanzanie semble malgré elle disposer d'un potentiel devant lui permettre avec le Kenya de justifier la concrétisation de ce nouvel élan d'expansion commerciale et économique. Ce pays occupe une place prépondérante tant au niveau de l'EAC qu'au sein des pays, associée à une région plus élargie, celle de la région de l'Afrique de l'Est qui comprend l'Afrique du Sud, l'Angola, le Botswana, les Comores, l'Eswatini, (ex-Swaziland), le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. C'est par le truchement de la création en 1980 de la Conférence de coordination pour le développement de l'Afrique australe (Southern African Development Coordination Conference) que la Tanzanie et la République démocratique du Congo vont s'afficher aux côtés des pays de la région de l'Afrique de l'Est. En 1992, la Conférence de coordination pour le développement de l'Afrique australe a été remplacée par la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dont la priorité s'articule autour de la nécessité de renforcer le niveau d'intégration du développement économique de cette région.

Ce n'est pas un hasard que Gilead Teri, Executive Director du Tanzania Investment Centre était non seulement invité à participer au déroulement de la conférence, mais faisait aussi partie d'un panel de discussion. L'auditoire a pu prendre la mesure de l'ambition que ce pays se propose de jouer sur le plan de l'intégration économique de la région.Les frontières économiques du pays se sont ouvertes sous l'impulsion de Samia Suluhu Hassan, la première à oser prendre la direction de la présidence de la Tanzanie. C'était le 19 mars de 2021. «Notre pays connaît un développement infrastructurel sans précédent», devait indiquer Gilead Teri. Un des projets qui met en valeur l'ambition de la Tanzanie à jouer un rôle économique prépondérant dans la région de l'Afrique de l'Est est sans conteste l'installation d'une voie ferrée électrifiée, air conditionnée et dotée de la possibilité de communiquer par wifi. Cette voie ferrée est longue de 400 km et va relier Dar-es-Salaam et Dodoma, la capitale du pays. La possibilité d'assurer un service quotidien sur cette ligne permettra de réduire de moitié, par trois heures et demie, comparativement à un déplacement en autocar.

Qu'en est-il du rôle que Maurice peut jouer au niveau de la manifestation de la dynamique en gestation parmi les pays de la région de l'Afrique de l'Est ? «Nous devons», argue Jason Harel, «développer davantage le potentiel de notre centre de services financiers, entreprendre l'amorce d'une meilleure stratégie dans les domaines diplomatique et économique avec les pays de l'Afrique de l'Est, y compris la signature d'accords de double imposition, et améliorer considérablement la mise en oeuvre de notre institution, à savoir la Financial Service Commission et le pouvoir judiciaire. Le Kenya, par exemple, est en train de développer une zone économique spéciale (Tatu City) qui offre des avantages fiscaux à ceux qui s'y installent.Nous comprenons que GRIT, par exemple, déplace ses activités de l'île Maurice à Tatu City.»

Certaines caractéristiques de la région de l'Afrique de l'Est

· Spécificité : panoplie de blocs commerciaux mais peu d'échanges

· Population : 400 millions d'âmes (700 millions en 2050)

· PIB : $ 465 Mds (estimation d'une croissance de 6 % d'ici 2029)

· Moyenne de PIB par habitant : $ 1 300

· Secteurs qui contribuent à la formation de 60 % du PIB : agriculture, construction, grande distribution et vente en détail de produits de consommation, manufacture.

Sources : Travaux de recherche de Zoë Karl-Waithaka,experte au niveau de l'accompagnement stratégique de multinationales désireuses de s'établir dans la région de l'Afrique de l'Est.

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