Maurice, petit État insulaire en première ligne face au changement climatique, a choisi de renoncer à sa participation aux audiences orales de la Cour internationale de justice (CIJ). Cette décision, prise par le nouveau gouvernement, surprend et inquiète. Les audiences, ouvertes le 2 décembre, réunissent plus de 100 pays et organisations pour débattre des obligations des États dans la protection du climat.
Le gouvernement mauricien justifie ce retrait par des mesures d'austérité. La délégation prévue, composée de six représentants, aurait coûté trop cher. Pourtant, ce même gouvernement n'a pas touché aux privilèges de ses ministres, ni réduit ses effectifs pléthoriques (25 ministres, dix junior ministers + un vice-président superflu). Pour Kavy Ramano, ancien ministre de l'Environnement, cette décision est «irresponsable» et marque une rupture avec le rôle historique de Maurice dans la défense des petits États insulaires en développement (PEID). Mais on doit dépasser le chassé-croisé intra-mauricien.
Le dossier mauricien, soumis en mars 2024, avait pourtant tout pour impressionner. Il s'appuyait sur des analyses pointues, reliant l'érosion côtière et la montée des eaux aux obligations climatiques des grandes puissances. Ce document aurait pu faire de Maurice un acteur incontournable du droit climatique international.
Mais les élections de novembre 2024 ont changé la donne. Le nouveau gouvernement a opté pour un retrait qui affaiblit la voix mauricienne sur la scène internationale. Ce silence contraste avec l'engagement constant des Seychelles, qui continuent à défendre les intérêts des PEID dans ces débats historiques.
Les conséquences de cette décision sont profondes. La CIJ pourrait établir des cadres juridiques pour les réparations climatiques, clarifier les responsabilités des États émetteurs et renforcer les droits des PEID. Maurice, en choisissant de rester en marge, rate une occasion décisive de peser sur des décisions cruciales pour son avenir.
Au-delà des aspects techniques, ce retrait pose des questions sur la vision du nouveau gouvernement. Où est la transparence promise ? Où est l'engagement pour un avenir durable ? Le temps des slogans doit céder la place à l'action concrète.
Maurice doit repenser sa place dans le monde et reprendre sa responsabilité. Car dans un monde où la mer monte, chaque mot compte. Et chaque silence aussi.