En RDC, toujours pas d'indication sur la maladie qui sévit dans la zone de santé de Panzi, dans la province du Kwango, limitrophe de Kinshasa. Pas de nouveau bilan non plus des autorités depuis le 6 décembre. Le directeur général de l'Africa CDC, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l'Union africaine, estime que tant de temps pour identifier une maladie n'est acceptable. Comment expliquer ce délai ?
Les échantillons rapportés à Kinshasa de cette zone très isolée et où les infrastructures sanitaires sont faibles n'ont pas pu être exploités. De nouvelles équipes du ministère de la Santé de la RDC, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Africa CDC - le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l'Union africaine - sont parties sur place. Mais il faut plusieurs jours pour arriver dans la zone touchée par cette épidémie qui a fait plus 70 morts, majoritairement de jeunes enfants.
Un délai pour trop long pour Jean Kaseya, le directeur général d'Africa CDC. Impossible pour lui de mettre en place une réponse efficace sans identifier l'agent pathogène, explique-t-il au micro de Paulina Zidi : « Je suis directeur général d'Africa CDC. Je suis un scientifique. Je me fie à l'évidence scientifique. J'ai près de 416 cas, j'ai plus de 70 décès. Tant que je ne sais pas, par les laboratoires, quel est le problème, je ne relâche pas l'attention. Quand on dirige Africa CDC, on ne se fie pas aux rumeurs, on se fie à l'évidence. Pour le moment, j'attends l'évidence qui viendra des tests. Nos collègues sont partis collecter les échantillons qui seront envoyés au niveau central. Donc, nous pensons que dès que ces échantillons arriveront à l'INRB [Institut national de recherche biomédicale, NDLR], nous saurons. Et, à ce moment-là, nous allons décider de la marche à suivre. »
« Ça fait 2 mois que l'épidémie est là et il n'y a pas eu une connaissance suffisante »
Jean Kaseya poursuit : « Nous, nous disons que, lorsqu'il y a une épidémie, nous devons dans les 48 heures être en mesure de savoir quel est ce phénomène pour prendre les décisions appropriées. Pour moi, ça fait deux mois que l'épidémie est là et il n'y a pas eu une connaissance suffisante de cette épidémie. Donc, c'est effectivement un problème que je considère comme majeur pour lequel nous travaillons. Et voilà pourquoi j'étais parti en RDC pour travailler avec les autorités de la RDC pour savoir comment on peut faire pour que, dans l'avenir, nous puissions ne plus avoir des cas comme ça. »
Dès le départ, les autorités congolaises ont bien insisté sur l'isolement de la zone touchée, rappelle notre correspondante à Kinshasa. Cette zone se situe à plus de 700 kilomètres de la capitale et à plus de 400 kilomètres de la plus grande ville de la province Kenge. Pour y arriver en cette saison des pluies, il faut compter plusieurs jours sur des routes en très mauvais état.
Sur place, le ministre congolais de la Santé le disait lui-même : les structures sanitaires ne sont pas à la hauteur d'une prise en charge épidémique. Conséquence : aucun test n'était déjà disponible à Panzi.
Une première équipe, partie de Kenge, a mis 48 heures pour rejoindre la zone touchée et effectuer des tests rapides pour la détection du paludisme : la plupart se sont révélés positifs. Elle a fait aussi des prélèvements. Un temps, il a été question de les acheminer vers le laboratoire de Kikwit, dans la province voisine et finalement, c'est l'option Kinshasa qui a été privilégiée.
Selon les sources de RFI, ces prélèvements sont arrivés samedi soir dans la capitale, mais trop détériorés pour être exploitables. Entretemps, d'autres équipes sont parties sur la zone, comme celle de l'OMS et de l'INRB.