Ils n'hésitent pas à s'investir pour assurer la mobilité des citoyens, parfois au péril de leur vie. C'est le cas de ce chauffeur, que nous appellerons Timmy, qui a vécu un véritable calvaire le week-end dernier. Soutenu par la direction de la Corporation nationale de transport (CNT), il espère que cet incident servira d'électrochoc pour que les autorités prennent les mesures nécessaires afin d'éviter que de telles agressions ne se reproduisent.
Habituellement receveur, Timmy assure parfois la conduite des bus. Samedi dernier, alors qu'il effectuait le trajet Curepipe-Batimarais, il a été pris pour cible. «Un conducteur de van s'est interposé devant moi, bloquant la route, avant de m'insulter sans raison. Je lui ai demandé des explications, mais il a menacé de s'occuper de mon cas lorsque je repasserais en direction de Curepipe», raconte-t-il. Pensant que ces menaces ne seraient pas mises à exécution, Timmy a poursuivi sa route sans alerter ses responsables.
Au retour, ses craintes se sont confirmées. Le conducteur du van l'a de nouveau intercepté, cette fois en s'introduisant dans le bus et en le frappant violemment. «J'ai tenté de me défendre, mais il a continué à me rouer de coups. Il est sorti, puis est revenu avec six autres individus qui m'ont agressé. Ils m'ont frappé à la tête, au ventre, ont arraché ma chaîne en or et déchiré mes vêtements», raconte-t-il, encore traumatisé. Impuissants, les passagers et le receveur ont assisté à la scène avant que les agresseurs ne quittent finalement le bus.
Malgré son visage tuméfié et un oeil presque fermé, Timmy s'est rendu au poste de police le plus proche. «Mon agresseur y était déjà et a prétendu que c'était moi qui l'avais agressé. Il a également déclaré être proche d'un ministre, ce qui a initialement compliqué les démarches. Heureusement, un sergent a pris ma déposition en voyant mon état et m'a conduit à l'hôpital», relate-t-il. Ce qui l'a le plus marqué ? Le regard de son fils en le voyant blessé. «Il n'a pas cessé de pleurer. Je peux à peine ouvrir les yeux et ma vision reste floue», confie Timmy avec émotion.
Pour Poomendra Letchanna, directeur des travailleurs à la CNT, cet incident est la preuve qu'une intervention urgente des autorités est nécessaire. «Ce genre de situation se répète trop souvent. Si un employé de la CNT agresse un passager, il risque la suspension ou le licenciement. Mais qu'en est-il lorsque c'est l'inverse ? Où est la justice ?» Il appelle à des lois plus strictes pour protéger le personnel et les usagers : «Il faut interdire l'accès des bus aux personnes sous l'influence de drogues ou d'alcool. De plus, les transporteurs illégaux, comme ce chauffeur de van, doivent être sévèrement sanctionnés. Ils prennent des passagers aux arrêts de bus en toute impunité.» Il espère que le ministre du Transport, Osman Mahomed, donnera la priorité à ce dossier. «Il en va de la sécurité de tous», conclut-il.