Tunisie: Trois facteurs expliquant le blocage des grands projets au pays

10 Décembre 2024

Mounir Ben Qirat, spécialiste en économie et développement des petites et moyennes entreprises, a identifié, ce mardi 10 décembre, trois facteurs majeurs qui expliquent le blocage des grands projets en Tunisie. Intervenant sur les ondes d'une radio privée, l'expert a souligné des défaillances structurelles dans la gestion des projets d'envergure.

Le premier obstacle majeur réside dans l'absence de planification claire et structurée. Ben Qirat a évoqué l'abandon des plans quinquennaux et des stratégies de planification à long terme, précisant que l'État tunisien a pris l'habitude, depuis le début des années 2000, de traiter les projets comme des urgences ponctuelles plutôt que de les inscrire dans une vision stratégique cohérente.

« Nous avons perdu la planification quinquennale, une approche essentielle pour anticiper et assurer la mise en oeuvre des projets à long terme », a-t-il affirmé.

Le second facteur concerne la question cruciale du financement. Selon l'expert, les projets nécessitent des financements importants, souvent en dehors des circuits financiers traditionnels, que ce soit via des emprunts directs auprès des bailleurs internationaux (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, banques continentales), des financements bilatéraux ou des partenariats public-privé.

« L'absence d'une véritable stratégie de financement et la dépendance à des sources externes compliquent considérablement la réalisation de ces projets », a ajouté Mounir Ben Qirat.

Le troisième facteur identifié par Ben Qirat concerne les lourdeurs administratives. Il a critiqué la lenteur des démarches administratives et le manque d'incitations pour les investisseurs, soulignant que « l'administration tunisienne ne répond pas suffisamment aux demandes des investisseurs et les procédures sont trop lentes, ce qui nuit gravement à l'attractivité du marché tunisien ».

Sur un autre plan, l'expert a également pointé du doigt le manque d'attractivité des zones industrielles en Tunisie. Bien qu'équipées, ces zones ne sont pas adaptées aux besoins actuels des investisseurs. Il a expliqué que « les zones industrielles n'ont pas suivi les évolutions nécessaires et ne sont pas adaptées pour attirer les investisseurs. De nouvelles zones spécialisées, comme dans d'autres pays, sont nécessaires pour répondre aux enjeux économiques d'aujourd'hui ».

Pour relancer l'investissement et les projets d'envergure, Mounir Ben Qirat a proposé plusieurs pistes, telles que la refonte du modèle économique tunisien et l'amélioration de secteurs clés comme l'aéronautique, l'automobile, et l'agriculture.

Il a notamment insisté sur la création de zones industrielles spécialisées dans l'aéronautique et l'automobile, ainsi que sur la nécessité de moderniser le secteur des céréales et des huiles d'olive. « Il est crucial d'explorer de nouveaux marchés, comme la Chine pour l'huile d'olive, et de diversifier les produits touristiques pour attirer une nouvelle clientèle asiatique », a-t-il conclu.

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