La récente libération de responsables politiques au Mali pousse les activistes des droits humains à espérer un changement de cap de la junte au pouvoir.
Le 10 décembre, c'est l'anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme par les Etats membres des Nations unies, en 1948. Cette date a été choisie pour commémorer les droits humains chaque année.
Au Mali, c'est l'occasion pour les activistes des droits humains de réclamer à la junte au pouvoir la libération des prisonniers politiques qui restent incarcérés, certains depuis plusieurs années. Après la remise en liberté, la semaine dernière, de onze responsables politiques emprisonnés, beaucoup au sein des organisations de défense des droits de l'Homme, ou encore de la société civile, estiment que c'est le bon moment pour permettre aux autres détenus politiques de retrouver la liberté.
Incarcéré après avoir donné son opinion
L'universitaire Etienne Fakaba Sissoko, l'influenceuse Rokia Doumbia dite "Rose la vie chère", le célèbre chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, ou encore l'acteur politique Issa Kaou Djim, sont autant de personnalités publiques qui sont actuellement incarcérées pour avoir donné leur avis sur la situation du pays.
Pour Moctar Sy, président du mouvement Génération engagée, une organisation de la société civile malienne, la libération de tous les leaders d'opinion devient une nécessité dans le contexte actuel au Mali.
Selon lui, "dans le cadre de l'apaisement du climat social, de la construction d'un dialogue permanent avec la classe politique et par extension, avec la société civile, il faudrait que l'ensemble des autres acteurs puissent être libérés pour favoriser le dialogue et donner une chance, afin que les parties puissent se mettre ensemble et discuter d'une voie de sortie de crise".
Appel à des procès juste et équitables
La Commission nationale des droits de l'Homme se réjouit de son côté de la libération des onze leaders politiques. Mais l'organisation de défense des droits humains estime toutefois, par la voix de son secrétaire général, que ceux qui restent en détention doivent aussi être libres de leurs mouvements.
Faute de quoi, Zoumana Diarra réclame un procès juste et équitable, à l'issue duquel ceux-ci pourraient au moins connaître leur sort :
"Nous invitons également à la libération ou à la mise en liberté d'autres leaders d'opinion politiques, en tout cas d'autres personnes privées de liberté, en lien direct ou indirect avec l'exercice de leur liberté d'opinion, de presse ou d'expression. A défaut, nos autorités compétentes doivent tout entreprendre pour accélérer les procédures judiciaires afin que ces personnes privées de liberté depuis plusieurs années, plusieurs mois, puissent recouvrer leur liberté".
En avril 2023, le tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako avait rejeté la demande de mise en liberté provisoire de Ras Bath, emprisonné depuis près de trois ans. Quant à l'universitaire Etienne Fakaba Sissoko, placé sous mandat en mars dernier après la parution d'un ouvrage critique sur la gestion de la transition, et accusé "d'atteinte au crédit de l'Etat", il devrait connaître son sort lundi prochain, le 16 décembre.
A la faveur de l'apaisement du climat social dans le pays, le retour des exilés politiques est aussi un sujet prioritaire pour les acteurs de la société civile et de la classe politique malienne.