Madagascar: Municipales - Un enjeu politique important pour l'opposition, quelques tensions à l'ouverture des bureaux

Plus de 11 millions d'électeurs sont appelés à voter ce mercredi à Madagascar pour renouveler les représentants des 1695 communes du pays, maires et conseillers municipaux. Politiquement, ce scrutin - le troisième et dernier d'un cycle électoral d'un an - s'annonce crucial. Pour l'opposition, qui espère maintenir ou gagner le contrôle d'autres villes stratégiques, cette élection est la dernière chance de peser face au régime. Le pouvoir a de son côté la possibilité de conforter son hégémonie. Les bureaux de vote devaient ouvrir à 6h ce matin mais il y a eu du retard et de la tension dans certains bureaux.

Dans la capitale, certains bureaux ont ouvert à l'heure, la population faisant parfois même la queue, comme en Haute ville. Mais ce n'est pas le cas partout. Ainsi, à deux pas du grand marché d'Analakely, dans les 12 bureaux de vote du Lycée public Jean-Jacques Rabearivelo, le scrutin a démarré un peu en retard, après 6h20. Et surtout, dans un climat de grande tension. Il y a eu quelques accrochages, avant même l'ouverture des bureaux, entre votants et responsables du scrutin.

Et pour cause : dans plusieurs bureaux, les procédures officielles n'ont pas été suivies. Un chef fokontany présent donnant des consignes ou des chefs de bureaux absents. Mais c'est surtout la signature du fameux bulletin unique, celui qui permettra ce soir de valider officiellement le nombre de voix obtenues pour chaque candidat qui a causé le plus d'émoi ici : ce fameux document a été présigné, sans qu'un tirage au sort entre accesseurs n'ait eu lieu.

De quoi chauffer fortement les esprits en ce début de matinée électorale. Furieuse, une dame a protesté que « tout le processus était déjà biaisé. Comment voulez vous qu'on croie encore à ce vote ! »

« Nous sommes dans un régime putchiste à la Poutine qui ne dit pas son nom » m'a lâché, un autre électeur. « Un régime de peur où l'on ne peut plus rien dénoncer ».

Le calme est revenu vers 7h mais l'ambiance reste tendue.

Quels enjeux pour ce scrutin ?

Ces municipales sont le troisième et dernier scrutin d'un cycle électoral d'un an (après une présidentielle et des législatives). Avec une Assemblée Nationale et un Sénat déjà acquis à sa cause, le président Andry Rajoelina aura-t-il l'horizon dégagé pour gouverner sans partage ? Le pouvoir s'est en tout cas donné les moyens de voir un tel scénario se réaliser en alignant des candidats dans la quasi totalité des 1695 communes de l'île, dont environ 70 sans concurrent.

Si elle a mené campagne tambour battant dans presque toutes les communes du pays, la coalition présidentielle Irmar a concentré ses forces dans les grandes villes. Certaines d'entre elles, des fiefs de l'opposition, concentrent les risques de déstabilisation pour le régime. Elles pourraient être le point de départ de revendications si une colère sociale venait à exploser, alimentée par l'inflation, les coupures d'eau et d'électricité.

De son côté, l'opposition qui avait boycotté l'élection présidentielle il y a un an, n'avait pas réussi à prendre sa revanche par les urnes lors des législatives de mai dernier. Malgré son délitement de ces derniers mois, elle espère toujours gagner la capitale et conserver ou reconquérir d'autres grandes villes stratégiques en province car elle joue à la fois sa survie et sa crédibilité pour les cinq années à venir. Dans un pays où le pouvoir décisionnel reste très centralisé, et où la capitale est réputée comme un tremplin vers la présidence, le cas d'Antananarivo cristallise ses espoirs de revanche.

Tout comme les irrégularités, d'ores et déjà dénoncées, la participation sera scrutée de près ce jour. Si chaque camp tente d'impulser un sursaut parmi son électorat, la mobilisation s'annonce timide. En 2019, lors du dernier scrutin municipal, 59% des électeurs s'étaient abstenus.

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