Il y a de l'électricité dans l'air entre les Cimenteries du Cameroun ( Cimencam) et les jeunes de Figuil, département du Mayo-Louti, région du Nord Cameroun.
En effet, selon nos informations, les ressortissants de la région du Nord, et précisément du département du Mayo-Louti, se disent marginalisés dans le recrutement des cadres et directeurs au sein de la nouvelle ligne de production de clinker, de gypse et de ciment de Figuil. Camer.be s'est fait dire que la multinationale française fait paradoxalement la part belle au ressortissants de ce qu'il est convenu d'appeler le Grand Sud.
Nous apprenons par exemple que les trois directeurs de l'usine de Cimenteries sont originaires de la région du Centre du pays . " Figuil qui abrite deux usines n'a même pas un directeur ou un cadre parmi ses fils. Cela est inadmissible. Nous ne pouvons pas tolérer cela. En tant que riverains, nous devons être prioritaires dans les recrutements, pour autant que nos enfants répondent au profil technique exigible", nous confie un universitaire du coin qui a requis l'anonymat.
Et de préciser : " je suis universitaire, et je ne souhaite aucune équivoque dans mes propos. Nous ne disons pas que seuls les ressortissants de Figuil doivent être recrutés par Cimencam. Tous les fils de ce pays doivent travailler ici s'ils ont les compétences requises, mais priorité doit être accordée aux natifs du Mayo -Louti".
Selon plusieurs témoignages concordants, en procédant à la pose de la première pierre de la seconde ligne de production de clinker, de gypse et de ciment de Figuil, le 14 octobre 2021, au nom du président de la République, Joseph Dion Ngute le Premier ministre avait d'ailleurs recommandé un recrutement qui tienne compte des compétences des natifs de Figuil.
Toute chose qui aux dires des riverains de l'usine dont le coût est de 50 milliards francs CFA, n'a pas été respectée. Aussi les jeunes de Figuil sont-ils préparés pour empêcher l'inauguration de l'usine par le Premier ministre. Selon nos informations, la mondialisation est gigantesque, et prête à ne pas se laisser conter fleurette.
" Depuis des années, à cause de Cimencam et de la fumée issue de ses usines nous mourons de tuberculose ainsi que d'autres maladies liées aux poussières. Pis encore, nos jeunes gens ne sont pas recrutés comme cadres, encore moins désignés directeurs, malgré leurs compétences.
Toutes les ressources du sous-sol sont les ressources de Figuil. On a construit une nouvelle usine qui produit du clinker, du gypse et du ciment. Auparavant, le clinker et le gypse étaient importés. Ce qui n'est plus le cas. Et mieux encore, Cimencam exporte même l'excédent de clinker ", hurle de colère M. Amadou, ingénieur des Travaux publics.
Et de poursuivre : " les jeunes de Figuil sont plutôt très étonnés de voir que c'est d'ailleurs que Cimencam recrute son personnel, au détriment des riverains". Cimencam ne trouve grâce auprès d'aucun natif de Figuil : " ils - Cimencam ,Ndlr - ne font même rien pour Figuil, pour ce qui est des oeuvres sociales. Nous sommes en plein dans l'exploitation de l'homme par l'homme, et ne comprenons pas comment une entreprise qui se dit citoyenne, a même tout d'un prédateur sans états d'âme ".
Le Premier ministre n'est donc pas "Japama " ( la bienvenue en langue peule) pour l'inauguration de la seconde ligne de production de clinker, de gypse et de ciment de la Cimencam : les jeunes de Figuil promettent de boycotter cette cérémonie annoncée, sans états d'âme.