Sur initiative du HCRRUN (Haut-Commissariat pour la Réconciliation et le Renforcement de l'Unité Nationale), les acteurs nationaux impliqués dans le processus de réparation et d'indemnisation des victimes de violences sociopolitiques au Togo, sont en atelier de renforcement de capacité ces 10, 11 et 12 Décembre 2024 à Lomé.
Les travaux de trois jours qui regroupent les responsables des institutions de la République togolaise, des départements ministériels, des élus du peuple et des élus locaux, des représentants des communautés bénéficiaires des réparations ainsi que des acteurs de la société civile et autres invités, devront, d'après la présidente du HCRRUN, et médiateur de la République, Awa Nana-Daboya, permettre de « favoriser une compréhension partagée des réparations mémorielles recommandées par la CVJR (Commission Vérité-Justice et Réconciliation). Ainsi, il est également attendu des participants d' « inventer des approches crédibles susceptibles de rapprocher les Togolais ».
Pour ce faire, diverses thématiques et des travaux de groupes aideront à atteindre les divers objectifs fixés. Entre autres thèmes, il y a ceux relatifs à « la place de la mémoire dans les sociétés sortant de crises », « les lois et réparations mémorielles dans les processus de justice transitionnelle : dilemmes et opportunités », et « les enjeux et défis des réparations mémorielles au Togo ».
Dans ses précisions, Mme Awa Nana-Daboya a aussi indiqué, « nous tenterons, au cours de nos travaux, de mieux saisir les débats prégnants sur les frontières poreuses entre l'Histoire en tant que science et la Mémoire comme expression sociale du passé, qui investit irrésistiblement le langage et le champ politique. Il s'agira également d'appréhender avec plus de finesse la place de la mémoire, ainsi que les difficultés liées à l'élaboration et à l'exécution des lois et des réparations mémorielles dans la reconstruction des sociétés déchirées par les violences et les violations des droits humains. Enfin, nous aborderons en profondeur le cas spécifique du Togo pour examiner la lettre et l'esprit des réparations mémorielles, dégager les enjeux et défis, et esquisser, au regard des textes régissant notre pays, les rôles que doivent jouer les différents acteurs ».
Voix la plus haute de cette cérémonie d'ouverture, ce fut celle du ministre de la Justice, qui représentait pour l'occasion, le président de la République. « La question des réparations mémorielles au Togo, objet de cette rencontre, s'inscrit dans une démarche politique globale et contraignante, ancrée dans la volonté du chef de l'État de poser une nouvelle pierre porteuse d'espoir sur l'édifice de réconciliation et d'unité nationale, laissé par ses prédécesseurs. De cette démarche politique découlent les recommandations et le programme de réparation de la CVJR », a déclaré celui-ci dans ses mots aux participants. De même, a-t-il salué le travail accompli par le HCCRUN ces dernières années sur le chantier de la réconciliation des Togolais.
En conférence inaugurale de cet atelier national, le professeur Batchana Essohanam de la Direction des affaires académiques et de la scolarité (DAAS) de l'université de Lomé, est revenu sur l'importance des réparations mémorielles dans un processus de justice transitionnelle, ainsi que les défis à relever pour leur mise en oeuvre. Dans ses recommandations, il a suggéré que les aspirations profondes des populations soient plus privilégiées que les considérations juridiques.
Pour information, dans le cadre des réparations mémorielles telles que envisagées par la CVJR et dans sa recommandation N°43, il sera question de baptême de rues et de places publiques du nom de victimes, histoire de rendre à ces dernières un hommage mérité et de les ancrer dans la mémoire collective. Enfin, est-il également recommandé (recommandation N°46 de la CVJR) un hommage à certaines personnalités disparues qui ont joué un grand rôle dans l'histoire de la nation togolaise.