Depuis la chute annoncée de Bachar el-Assad, les milliers de Syriens exilés dans le monde retrouve l'espoir de pouvoir rentrer et retrouver leurs familles. C'est aussi le cas au Sénégal, où vivent quelques 30 000 Libano-Syriens. L'un d'entre eux, Akram el Hamouri a profité d'un contrat de travail au Sénégal en 2012 pour s'y exiler.
Les traits tirés, fumant cigarette sur cigarette, Akram est toujours bouleversé par la fuite inespérée de Bachar el-Assad, treize ans après le début de la guerre civile. « Je t'assure, ça fait trois jours que je ne dors plus. Par moment, je pleure quand je vois l'état des gens qui sortent de la prison, puis par moment je suis fou de joie quand je vois des gens qui retrouvent des membres de leur famille ou des amis qui rentrent au village », nous confie-t-il.
Akram, 44 ans, est arrivé au Sénégal en 2012 pour travailler sur le chantier du nouvel aéroport. Depuis, il n'est plus jamais reparti. Il a réussi à faire venir ses deux fils. Derrière lui, il a laissé une mère et deux filles en Syrie, mais aussi son père et l'un de ses frères arrêtés en 2013 près de Damas. Et depuis la chute du régime, ils ne sont toujours pas réapparus.
« J'essaie de les retrouver, j'ai contacté tous mes amis, j'ai regardé toutes les photos de la prison de Kaysar, les unes après les autres. Mais à ce jour, aucune nouvelle. Je pense qu'il est mort et maintenant, j'en suis venu à espérer même qu'il soit mort dès qu'il a été arrêté, c'est mieux. »
Réunir sa famille au Sénégal ou en Syrie ?
L'objectif désormais, c'est de réunir sa famille au Sénégal ou en Syrie. La question n'est pas encore tranchée, les tirs d'Israël ont tout bouleversé de nouveau. « Ma fille m'a appelé hier et m'a dit qu'ils ont tiré juste à côté de la maison, elle m'a dit : "Viens papa maintenant pour voir". Si je peux, je rentre la minute qui suit. Aujourd'hui plutôt que demain ! »
Mais pour le moment, comme la Syrie a plongé dans l'inconnu, Akram est une nouvelle fois obligé d'attendre avant de pouvoir retourner dans son pays.