Les avions de chasse français ont quitté le Tchad après plus de soixante ans de présence de l'armée française.
Le détachement d'avions de chasse français basé au Tchad depuis des décennies a décollé le 10 décembre de N'Djamena, enclenchant le mouvement de retrait de l'armée française du pays après la résiliation de l'accord de défense par le Tchad. Deux Mirage 2000D accompagnés d'un avion ravitailleur ont décollé peu avant 12H30 GMT, de la base de Kossei selon une source.
Le départ des Mirage fait suite à l'annonce par le Tchad, fin novembre, au moment de l'anniversaire de son indépendance, de mettre fin aux accords de sécurité et de défense qui le liaient à la France depuis la fin de la colonisation. Les avions de chasse français sont souvent intervenus en appui au pouvoir tchadien depuis les indépendances, et servi à la formation et l'entraînement des militaires tchadiens. Il s'agit de la première étape du retrait historique de l'armée française du Tchad après plus de soixante ans de coopération militaire.
« La présence de ce détachement ne se justifie plus après rupture de l'accord » de défense, dénoncé le 28 novembre par les autorités tchadiennes, selon une autre source. Le chef de la diplomatie tchadienne, Abderaman Koulamallah, a salué "le départ définitif des avions de chasse Mirage (....) première étape du désengagement des forces militaires françaises stationnées au Tchad", avant "le désengagement progressif des forces terrestres dans les semaines à venir".
"Les modalités du désengagement des autres capacités militaires françaises présentes au Tchad font l'objet de coordination avec les autorités tchadiennes", a indiqué l'état-major français. Ni Paris ni N'Djamena n'ont communiqué de calendrier précis sur le processus de retrait en cours. Une première réunion bilatérale de coordination se serait tenue le 7 décembre, selon une source française proche du dossier.
Le Tchad, dernier point d'ancrage de la France au Sahel
Paris déployait officiellement près de 1 000 personnels militaires sur trois emprises au Tchad, faisant du pays un maillon clé de la présence militaire française en Afrique. Le Tchad constituait le dernier point d'ancrage de Paris au Sahel, après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Paris se servait aussi du détachement aérien au Tchad comme point d'appui régional.
Ainsi, les Mirage français sont intervenus en Centrafrique lors de l'opération Sangaris dans les années 2010 et aussi en appui des opérations Serval puis Barkhane au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Une réduction était toutefois prévue dans le cadre d'une reconfiguration de la présence militaire française au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Tchad, avec des consultations dans les pays concernées menées par l'envoyé personnel d'Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel.