Samedi 7 décembre, l'hôtel Veranda à Tamarin a accueilli un think tank organisé par #Savetheblu, réunissant une cinquantaine de participants de divers horizons, pour discuter de la préservation des océans et des écosystèmes marins. Les représentants d'organisations non gouvernementales (ONG), d'institutions publiques, de la communauté scientifique, d'artistes, d'opérateurs économiques et de communautés locales se sont réunis pour aborder les menaces croissantes sur l'environnement marin, telles que la pollution, la surpêche et les effets du réchauffement climatique. L'événement a permis d'explorer des solutions innovantes et collaboratives pour protéger les océans tout en soutenant le développement durable des communautés côtières.
Un constat alarmant sur l'état des océans
Les discussions ont permis de dresser un état des lieux préoccupant. Les océans, qui couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, subissent une pression anthropique sans précédent. La biodiversité marine est en déclin rapide à Maurice et le blanchiment des coraux s'intensifie, affectant des habitats essentiels à de nombreuses espèces. Les récifs coralliens, qui jouent un rôle crucial dans la protection des côtes et le maintien de la chaîne alimentaire marine, sont menacés dans 60 % des cas à travers le monde.
La pollution plastique représente une autre urgence majeure. À l'échelle globale, elle constitue 80 % des déchets marins. Maurice n'échappe pas à cette crise avec ses 150 tonnes de déchets plastiques produits quotidiennement. Une partie de ces déchets finit dans les lagons, affectant la faune et la flore marines. S'ajoutent à cela les impacts d'un tourisme mal régulé depuis la levée des restrictions post-Covid. L'afflux de visiteurs a encouragé des pratiques non éthiques telles que l'observation illégale des mammifères marins et des tortues, souvent promues sur les réseaux sociaux. Le réchauffement climatique aggrave encore la situation. La montée des températures marines provoque des perturbations de courants océaniques, accélérant la dégradation des habitats sous-marins. La surpêche, enfin, contribue à un déséquilibre des écosystèmes, mettant en péril certaines espèces vitales.
Des solutions concrètes au service de la conservation Face à ces constats accablants, #Savetheblu a présenté des propositions audacieuses et structurées. L'une des priorités identifiées est l'amélioration de la surveillance maritime, notamment en équipant la garde-côtière nationale de technologies avancées. Cela permettrait de mieux contrôler les activités dans les lagons et de lutter contre les pratiques illégales. Une autre mesure-clé consiste en la création d'une aire marine protégée divisée en trois zones spécifiques : une zone de conservation stricte, une zone de pêche durable et une zone dédiée aux activités touristiques écoresponsables.
Ce modèle bioéconomique, inspiré d'expériences internationales réussies, pourrait offrir une solution équilibrée alliant préservation et développement économique. L'éducation et la sensibilisation ont également été mises en avant comme des leviers essentiels. Former les jeunes générations à comprendre et à respecter l'environnement marin est perçu comme un investissement crucial pour garantir un avenir durable. Par ailleurs, le renforcement des partenariats locaux, notamment entre ONG, institutions académiques et opérateurs économiques, est jugé indispensable pour restaurer les écosystèmes côtiers et coralliens.
Une mobilisation collective sans précédent
Ce think tank a réuni des profils variés, témoignant d'un engagement collectif fort. Des associations comme Reef Gardeners et Eco-Sud, des biologistes marins et des représentants de l'ambassade américaine et du ministère de l'Environnement, ainsi que des opérateurs touristiques tels que West Coast Boat et Lokal Adventure, ont partagé leur expertise et leurs expériences.
Les pêcheurs, plongeurs et autres passionnés de la mer étaient également présents, apportant une perspective précieuse sur les réalités du terrain. Les artistes ont joué un rôle central lors de cette rencontre. L'école d'art de la Pointe-Tamarin, représentée par Jean-Yves L'enflé, a exposé des oeuvres inspirées par l'océan et créées par de jeunes talents. Ces créations, empreintes d'une profonde réflexion écologique, ont été saluées et les artistes ont été récompensés par des certificats d'engagement délivrés par #Savetheblu. Cette initiative souligne le fait que l'art est un puissant vecteur de sensibilisation, particulièrement auprès des jeunes.