L'armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner ont mené mardi 10 décembre une opération à la frontière avec la Mauritanie. Au cours de cette opération, une quinzaine d'hommes, majoritairement des Mauritaniens, ont été arrêtés. L'opération s'est déroulée à Laghdaf, près de Fassala, dans une zone où le tracé de la frontière n'est pas évident. Des incursions de Wagner en Mauritanie ont déjà eu lieu par le passé mais cette fois, selon les informations de RFI, les arrestations ont bien eu lieu au Mali.
De nombreuses sources locales s'indignent d'une nouvelle incursion de Wagner et de l'armée malienne (Fama) en Mauritanie, et rapportent des mouvements de panique dans les villages de la zone, mais plusieurs sources militaires mauritaniennes assurent que l'opération s'est bien déroulée côté malien. Et qu'il n'y a donc pas eu d'incursion sur le sol mauritanien.
Toutes ces sources confirment au moins une quinzaine de personnes emmenées par les Russes du groupe Wagner - jusqu'à 17, voire une vingtaine, selon certains décomptes. Parmi ces hommes, une majorité de Mauritaniens et des Maliens : le détail des chiffres varie selon les sources.
Hommes arrêtés, voitures emportées, boutiques saccagées
Les témoignages recueillis par RFI font également état de tirs, d'au moins quatre voitures emportées et de boutiques saccagées par les hommes du groupe Wagner. Deux jeunes hommes auraient été blessés avant d'être embarqués. Des mouvements de panique dans les villages mauritaniens sont également rapportés par des sources humanitaires.
Ni l'armée malienne, ni les sources officielles mauritaniennes sollicitées par RFI n'ont souhaité commenter à ce stade.
Frontière floue
Le village de Laghdaf, près de Fassala, se trouve sur une zone frontalière floue, que Maliens et Mauritaniens traversent quotidiennement sans même en avoir conscience, expliquent plusieurs sources. Celles-ci ajoutent que de nombreux mauritaniens sont même installés sur le sol malien. Les autorités mauritaniennes ont à plusieurs reprises conseillé à leurs citoyens de s'éloigner de la frontière, pour éviter les risques.
« Crimes récurrents »
En avril dernier, une incursion avérée de Wagner et des Fama en territoire mauritanien, dans la même zone, avait fait trois Mauritaniens blessés. Quatre autres avaient été arrêtés puis relâchés. En mars 2022, la Mauritanie avait carrément dénoncé des « crimes récurrents » après plusieurs cas de disparition ou d'assassinat de citoyens mauritaniens à la frontière, attribués à l'armée malienne. Des accusations que le Mali avait réfutées. Une commission d'enquête conjointe avait ensuite été créée. En dépit de ces épisodes de tension, les deux pays ont conservé des relations stables.
Wagner et les Fama mènent régulièrement des opérations à la frontière mauritanienne. Celle-ci sert de zone-refuge pour les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, et les rebelles indépendantistes du Front de libération de l'Azawad (FLA).