Le ministre du Travail, Reza Uteem, a tenu une rencontre lundi à Victoria House avec plusieurs représentants syndicaux. Cette réunion a permis d'aborder des sujets cruciaux tels que les droits des travailleurs, la compensation salariale et les pratiques entourant les comités disciplinaires dans leur forme actuelle.
Les membres du Mauritius Labour Congress (MLC) ont profité de l'occasion pour échanger leurs préoccupations avec le ministre. Pour Haniff Peerun, président du MLC, la présence de Reza Uteem à ce poste est porteuse d'espoir. «Lorsque nous avons partagé notre vision, nous avons constaté qu'il partageait des points de vue similaires, notamment sur la défense des intérêts des travailleurs», a-t-il déclaré.
Parmi les principaux sujets abordés figurent le 14e mois de salaire et la compensation salariale. «Nous lui avons fait comprendre que les discussions tripartites accusent un retard important. Le ministre a toutefois rappelé que le gouvernement est conscient de cette problématique. Cependant, les promesses financières abondantes du précédent gouvernement imposent à l'administration actuelle une grande prudence dans sa gestion», a souligné Haniff Peerun. Pour alléger la charge liée au 14e mois, le président du MLC a suggéré une solution innovante : «Nous proposons qu'une partie soit versée en espèces et l'autre sous forme d'actions de l'entreprise, une pratique déjà adoptée par le passé, garantissant une situation gagnant-gagnant.»
Concernant les lois du travail, Haniff Peerun salue la volonté du ministre d'introduire des changements significatifs. Reza Uteem a exprimé son intention de créer une équipe de professionnels pour présider les comités disciplinaires, assurant ainsi leur indépendance.
Le ministre a également rencontré Fayzal Ally Beegun, président de la Textile Manufacturing & Allied Industrial Workers Union. Ce dernier a rappelé leur collaboration passée, notamment leur combat pour l'amélioration des conditions des travailleurs bangladais il y a plus de 20 ans. Lors de cette rencontre, Fayzal Ally Beegun a évoqué des préoccupations récurrentes, notamment les avertissements réguliers des États-Unis concernant les conditions de vie des travailleurs étrangers à Maurice. «L'exploitation des travailleurs étrangers doit cesser. J'ai informé le ministre que ces derniers, ces dernières années, doivent payer pour leur logement et leur nourriture, bien que cela ne soit pas mentionné dans leurs contrats. Il a été choqué d'apprendre cela», a-t-il expliqué.
Le recrutement des travailleurs bangladais a également été abordé. «Ces derniers mois, leur recrutement avait été suspendu sans explications claires. Nous avons demandé plus de transparence et d'ordre dans le processus de recrutement, car la prolifération d'agents recruteurs favorise des pratiques proches du trafic humain», a dénoncé Fayzal Ally Beegun. Une nouvelle rencontre entre le ministre et le syndicaliste est prévue prochainement pour approfondir ces questions.
Parasites et conditions de vie : Les travailleurs étrangers s'en remettent à Beegun
Une fois de plus, le syndicaliste Fayzal Ally Beegun est interpellé par des travailleurs étrangers dénonçant des abus et des conditions de vie inhumaines.
Dans un premier cas, des employés malgaches travaillant dans un fast-food de la capitale ont signalé des pratiques abusives. «Leurs passeports leur ont été confisqués, une mesure illégale qui limite leur liberté de mouvement. Pire encore, ces travailleurs dorment à même le sol, sans aucun confort ni respect de leur dignité humaine», déclare Fayzal Ally Beegun.
Dans un autre cas, des travailleurs étrangers employés par une chaîne de supermarchés vivent dans des dortoirs infestés de punaises. «Ces infestations ne sont pas seulement insalubres, elles posent également des risques pour leur santé. Les relations entre les employés et l'employeur se sont considérablement détériorées, au point que certains travailleurs ont préféré fuir, incapables de supporter de telles conditions de vie et de travail», explique-t-il.
Alerté par ces situations alarmantes, Fayzal Ally Beegun a rapidement saisi l'unité spécialisée des travailleurs étrangers située à Victoria House. «J'ai demandé une enquête approfondie non seulement sur les salaires,mais aussi sur les conditions de travail et de logement. Il est urgent de garantir que ces travailleurs soient traités avec respect et équité.»
Il souligne également la nécessité de revoir les mécanismes de contrôle des employeurs, notamment pour éviter la confiscation des documents personnels des travailleurs et pour s'assurer que leurs logements respectent les normes minimales de sécurité et d'hygiène. Selon le syndicaliste, l'unité spécialisée a déjà commencé à examiner ces cas. «Nous espérons que ces enquêtes mèneront à des actions concrètes pour remédier à ces abus flagrants. Chaque travailleur, quelle que soit son origine, mérite des conditions de vie et de travail dignes», conclut-il.