Le 11 décembre dernier, le président congolais, Félix Tshisekedi, a prononcé son discours sur l'état de la nation devant les deux Chambres réunies en Congrès. A l'occasion, il a promis de promouvoir certains secteurs clés que sont l'agriculture, l'élevage et la pêche en vue de booster le développement de son pays.
Et ce n'est pas tout. Se sachant très attendu sur la révision constitutionnelle qui, depuis quelques mois, provoque des vagues, il a souligné la nécessité de procéder à la modernisation de l'appareil de l'Etat. « Il est peut-être temps d'engager une réflexion sur une réforme constitutionnelle afin d'éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique », a-t-il lancé, tout en invitant ses compatriotes à un dialogue sincère et inclusif. Sera-t-il entendu ? Pas si sûr surtout quand on sait que certains opposants tels que Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Denis Mukwege, qui ne comptent pas pour du beurre et soutenus par des acteurs de la société civile, sont vent debout contre tout changement de la Constitution en RDC.
Dénonçant un « Coup d'Etat constitutionnel » en préparation, ils entendent tout mettre en oeuvre pour barrer la route au président Tshisekedi qu'ils accusent de manoeuvrer pour prolonger son mandat présidentiel. Ils n'ont peut-être pas tort. Car c'est comme un air de déjà vu. En fait, les révisions ou changements de Constitutions en Afrique ne sont ni plus ni moins que des entourloupes destinées à permettre aux princes régnants, lorsqu'ils sont en fin de mandat, de se remettre dans le jeu politique.
L'opposition et la société civile ont déjà annoncé la couleur
Sous le prétexte de réformes politiques, administratives et institutionnelles, bien des dirigeants en ont profité pour remettre les pendules à l'heure, installant parfois leurs pays respectifs dans une grave crise politique. On l'a vu en Côte d'ivoire et au Togo, pour ne citer que ces deux exemples qui ont frôlé le basculement. C'est, du moins, le risque qu'encourt la RDC où la volonté, à peine voilée du président Tshisekedi, de prolonger son bail, à la tête de l'Etat, risque d'exacerber les tensions sociopolitiques. A preuve, l'opposition et la société civile ont déjà annoncé la couleur à travers des manifs de rue observées ça et là.
Quand on sait que le pays fait déjà face à une sécuritaire dans sa partie orientale, il y a donc lieu d'inciter le président Tshisekedi à un véritable sursaut patriotique au risque d'en rajouter à la situation. Car, si à la crise sécuritaire doit s'ajouter une crise politique, la RDC, comme pour être un géant au pied d'argile, risque de sombrer dans le chaos avec toues les conséquences qui pourraient en découler. On croise les doigts, espérant que l'aveuglement du pouvoir ne fera pas perdre la raison à Tshisekedi qui, il y a quelques années en arrière, était l'une des figures de proue opposées à toute manoeuvre visant à maintenir son prédécesseur Joseph Kabila au pouvoir.