La lutte contre le trafic de drogue est une guerre d'usure. Elle exige une mobilisation continue et une adaptation permanente face à des adversaires dotés de moyens colossaux, de ramifications tentaculaires nationales, voire internationales, et capables de se réorganiser rapidement.
Chaque jour, la police, avec ses multiples unités, met au jour des affaires de trafic de drogue. Les informations sont massivement relayées par les médias. Et c'est à chaque fois une victoire en soi à célébrer. Les unités de la Garde nationale de Ben Arous viennent ainsi de frapper un grand coup, en saisissant 1 kg de cocaïne dans une demeure située au Bardo.
Cette opération, qui a également permis la confiscation de trois véhicules, une somme d'argent importante et des bijoux, est le résultat d'une enquête approfondie menée en amont. Quelques jours auparavant, un réseau lié à cette affaire avait déjà été démantelé, selon une source de la Garde nationale.
Des actions qui s'inscrivent dans une stratégie nationale visant à démanteler les réseaux de trafic de drogue à travers l'ensemble du territoire. Les récentes prises de la brigade antistupéfiants de Ben Arous en témoignent : deux kilogrammes de cocaïne, divers stupéfiants, ainsi que des comprimés illicites ont été saisis dans les quartiers d'Ettadhamen (Ariana), de Khaled Ibn Walid (Manouba) et dans d'autres zones du Grand Tunis.
Sous l'autorité du juge d'instruction du Tribunal de première instance de l'Ariana, des mesures judiciaires spécifiques ont été mises en place pour faciliter perquisitions et arrestations, ciblant particulièrement le trafic de drogue et le blanchiment d'argent. Cette stratégie vise à frapper non seulement les narcotrafiquants, gros bonnets et petits dealers, mais également les infrastructures financières qui soutiennent ces activités criminelles.
Une lutte nationale contre un fléau mondial
Les saisies récentes à Kairouan, Mahdia, ou encore Kasserine illustrent l'ampleur des efforts engagés. Des régions frontalières, comme Foussana et Thala, sont souvent utilisées par les trafiquants pour contourner les contrôles et la vigilance des forces de l'ordre. Cependant, grâce à des opérations de renseignement précises, plusieurs figures majeures de ces réseaux ont été arrêtées, perturbant, espérons-le, leurs activités.
Au-delà des frontières tunisiennes, cette lutte fait écho à un fléau mondial qui sévit, il est vrai, dans des régions plus que d'autres. En Amérique latine, des pays comme la Colombie ou le Mexique restent des plaques tournantes mondiales de la production de cocaïne, malgré des décennies de lutte contre les cartels.
En Europe, des ports tels qu'Anvers en Belgique ou Rotterdam aux Pays-Bas voient chaque année d'importantes quantités de drogue interceptées. Les autorités nationales le savent, elles ont engagé des luttes massives contre le trafic de drogue qui continue pourtant de prospérer. Ces efforts n'ont visiblement pas suffi à enrayer un trafic qui se réinvente sans cesse, grâce à des routes alternatives, des innovations technologiques ou encore par le fait d'une corruption massive qui peut toucher, dans les ports, les dockers, les agents administratifs, voire la haute hiérarchie.
Maintenir la pression tout en s'attaquant aux causes profondes
Une leçon à tirer: en Tunisie, la lutte contre le trafic de drogue ne peut se limiter aux seules actions répressives. Si les saisies et les arrestations sont des victoires, elles ne sont qu'une partie de l'équation. Les causes profondes de ce fléau, comme la pauvreté, le décrochage scolaire, le chômage ou la corruption, doivent être abordées pour freiner le recrutement au sein des réseaux criminels. Une approche équilibrée devra être mise en place, combinant actions répressives, prévention auprès des jeunes, initiatives éducatives en milieu scolaire, ainsi que des programmes de sensibilisation de la population contre les dangers de la drogue.
La lutte contre le trafic de drogue est une guerre d'usure. Elle exige une mobilisation continue et une adaptation permanente face à des adversaires dotés de moyens colossaux, de ramifications tentaculaires nationales, voire internationales, et capables de se réorganiser rapidement. En Tunisie, les victoires sont le fruit d'une détermination politique et d'une efficacité opérationnelle sans faille. Mais, hélas, la bataille n'est jamais terminée.