A Madagascar, la journée d'élections municipale et communale - dernier scrutin d'un cycle de trois élections en un an - s'est finie dans le calme hier, à travers l'île. Dès la fin de l'après-midi, à 17h, les bureaux de vote se sont remplis à nouveau de sympathisants, d'électeurs ou de simples curieux, venus vivre une ultime fois, l'ambiance du comptage des voix. Mais sans l'effervescence des précédentes élections.
« Il est 17h, le vote est clos au bureau numéro 9 », annonce la présidente de l'un des 16 bureaux du CEG de Nanisana. Autour d'elle, les accesseurs se mettent en ordre de bataille. Ouverture de l'urne, comptage des bulletins, puis vient enfin le moment tant attendu.
« Numéro 2 ! Numéro 4 ! Numéro 7 ! Numéro 4 ! »
Sur le tableau noir, une assesseure note les résultats à la craie.
La salle se remplit progressivement. Landry et son épouse sont venus accompagnés de leur garçon. « On a amené le petit parce qu'on veut le familiariser avec la manière dont se passe processus électoral. »
Lalax sort d'un bureau, sourire aux lèvres. Il est venu en famille et avec ses voisins, explique-t-il, pour supporter « son » candidat et en même temps pour regarder ce qu'il se passe, en avoir le coeur net...
Car c'est bien là la raison première pour la majorité des citoyens qui se sont déplacés hier soir.
Cet électeur est très méfiant. « Ce qui se passe depuis la présidentielle, c'est que les résultats sont truqués. Les bulletins sont modifiés la nuit. Donc on est venus prendre des photos des résultats dans chaque bureau de vote : c'est notre seul pouvoir si on doit dénoncer quelque chose ces prochains jours. »
Nirina, elle, confie ne plus croire en aucune personnalité politique de Madagascar. « Il y a trop de micmacs lors d'élections comme ça. Moi si j'ai voté, c'est uniquement parce que je sais que si je ne viens pas, quelqu'un peut en profiter pour signer à ma place. »
L'écoeurement a touché semble-t-il d'autres citoyens. Au CEG de Nanisana, sur la totalité des 16 bureaux, le taux de participation n'atteint pas les 30 %.
Tsiry, lui, essaie d'analyser les résultats : « Selon les tendances que j'observe dans les bureaux, c'est l'opposition qui est en tête. Pour moi c'est un vote sanction. Il y a un mécontentement exprimé contre le régime, contre la dureté de la vie, le délestage, le chômage, tout ça. »
Les procès verbaux ont été transférés vers les centres de traitement (SRMV). La Céni devrait annoncer les résultats provisoires avant Noël.