Soudan: Le procureur de la CPI accuse Ali Kushayb, ex-chef janjawid, de crimes commis «avec enthousiasme»

Le procès Ali Mohammad Ali Abdelramane, dit Ali Kushayb, jugé notamment pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis dans la région du Darfour en 2003 et 2004, lors de la guerre civile qui a ravagé le Soudan, est entré ce 11 décembre 2024 à La Haye (Pays-Bas) dans sa dernière ligne droite. Durant son réquisitoire, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé aux juges de reconnaitre l'accusé coupable. « Dans cette affaire, il était un membre éminent des Janjawid, un leader, et a été activement impliqué dans la commission des infractions, volontairement et avec enthousiasme. »

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a présenté hier, mercredi, son réquisitoire contre Ali Mohammad Ali Abdelramane, dit Ali Kushayb. L'ex-chef janjawid est accusé par la CPI de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en 2003 et 2004 au Darfour.

C'est le premier procès visant un responsable soudanais. Trois autres anciens responsables du régime de l'ex-président Omar el-Béchir (1989-2019), dont lui-même, sont aussi inculpés mais en fuite. Mohammed Ali Abdelramane s'était volontairement livré à la Cour en 2020.

« Activement impliqué dans la commission des infractions »

L'accusation demande aux juges de reconnaître l'accusé 31 fois coupable pour les crimes commis au Darfour. Alors que l'ex-paramilitaire soudanais affirme qu'il n'était qu'un simple pharmacien, l'accusation a décrit un chef janjawid reconnu par le gouvernement : la milice paramilitaire des janjawid - les « cavaliers à cheval » - répandait la terreur pour dissuader les civils de soutenir la rébellion.

Et Abdelramane était un chef remarqué par Khartoum dont il recevait armes et munitions pour mener la contre-insurrection. C'est ce qu'a expliqué le procureur, Karim Khan, à l'ouverture de l'audience : « L'accusé dans cette affaire était un membre éminent des Janjawid, un leader, et a été activement impliqué dans la commission des infractions, volontairement et avec enthousiasme. Et alors que le gouvernement soudanais et d'autres armaient les janjawid, apparemment pour faire face à la rébellion. La dure réalité est que la cible, dans ce cas, n'était pas des rebelles mais des civils. »

Costume gris clair, cravate rouge et noir, Ali Mohammad Ali Abdelramane a patiemment écouté les réquisitions du procureur. Il devrait prendre la parole le vendredi 13 décembre au terme de cette série d'audiences.

Selon l'ONU, le conflit au Darfour avait fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés.

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