Madagascar: Vice de fonds

Le classement de Madagascar en matière de pauvreté fait débat. Celui publié récemment par un magazine suisse indique que 80,3 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars (10 000 ariary) par jour. C'est le seuil minimum dont une personne aurait besoin pour survivre.

Un chiffre qui n'est pas tellement différent de celui de la Banque mondiale depuis 2014. Madagascar ferme donc la marche selon ce magazine. Une situation dont on ne peut pas être fier, mais qui résulte de plus de quarante ans de perfusion avec les bailleurs de fonds. Toutes les mesures de redressement, toutes les thérapies préconisées par les bailleurs de fonds, n'ont fait jusqu'à présent qu'aggraver la profondeur de la pauvreté. Certains observateurs affirment pourtant qu'en général ces décisions ont fait reculer la pauvreté de 50 à 23 % dans les années 90. Mais une démographie galopante et irrépressible dans les pays à faible revenu a fait fléchir la courbe.

Les Malgaches font partie des 692 millions de personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté à travers le monde. Cela ne surprend pas dans la mesure où, depuis plusieurs années et plusieurs régimes, la balance commerciale est toujours déficitaire, le PIB est dérisoire par rapport à celui des îles de l'océan Indien. En face, le taux de natalité échappe à tout contrôle. La taille moyenne des ménages est de cinq à six personnes. Autrement dit, la production ne suit pas le boom démographique. L'écart se creuse chaque année et le gap sera difficile à combler, même si l'on parvient à réussir le projet de transformation agricole.

Le planning familial est incontournable et certaines voix suggèrent la limitation des naissances. Quand un pays recèle plus de consommateurs que de producteurs, il se trouve inévitablement en difficulté. Or, il est compliqué d'initier le planning familial à une masse, 80,3 % de la population, dont le niveau d'éducation laisse à désirer. Il est encore plus difficile de l'imposer pour des raisons de culture et de traditions.

Les progénitures sont considérées comme des richesses dans la culture populaire. Plus on a d'enfants, plus on est riche, alors que depuis plusieurs années c'est bien le contraire. Avoir beaucoup d'enfants signifie autant de bouches à nourrir, autant d'élèves à scolariser et à soigner... Et plus les naissances se passent en dehors de tout cadre familial, plus il est difficile de penser à un planning familial.

On a vu lors des distributions de riz et de vivres dans la ville que les 80,3 % sont loin d'être une affabulation. Il faut parvenir à faire en sorte que ces gens ne soient pas une charge pour l'État, mais pour tout le monde.

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