Les suspicions et appréhensions martelées avant le vote ont débouché sur une journée électorale tendue dans des bureaux de vote de certaines circonscriptions. Des faits qui, dans l'ensemble, n'ont pas freiné le déroulement des votes.
Sous tension. Des perturbations ont marqué les élections communales d'hier. Des suspicions de tentative de fraude, des faits suspects constatés, des disputes, des arrestations, des règlements de comptes et des contestations des résultats ont envenimé la journée électorale, tant à Antananarivo que dans les régions.
Les bureaux de vote ont été ouverts de 6 heures à 17 heures. Dès le début des votes, jusqu'à la fin du dépouillement, des faits, bien qu'isolés et éparpillés, ont alimenté les flux d'informations autour du scrutin d'hier. Les faits rapportés sont montés en crescendo. À l'ouverture des bureaux de vote, des cas de retard de certains équipements de vote, comme la liste électorale dans quatre bureaux de vote à l'École primaire publique (EPP) d'Analamahitsy, ont incommodé les électeurs matinaux qui ont dû patienter jusqu'à 7 heures et quelques.
Peu après 8 heures, l'information sur l'arrestation d'Arnaud Tody, ancien député de Mananara Nord et candidat au conseil municipal de Toamasina, a inondé les réseaux sociaux. Ensuite, c'est au tour du député Christian Afakandro, élu à Mahajanga, d'avoir été appréhendé par les forces de l'ordre, en milieu de matinée. "Entrave au bon déroulement du vote" serait le motif de l'interpellation de l'ancien élu et du parlementaire.
Les deux hommes ont en effet fait le tour des bureaux de vote, à Toamasina pour le premier, et Mahajanga I pour le second. Le candidat Tody aurait refusé l'accès au bureau de vote à des personnes inscrites dans la liste des omis ayant obtenu une inscription dans la liste des électeurs par ordonnance du tribunal. Le député Afakandro, quant à lui, a eu une altercation verbale avec un candidat maire, à s'en tenir à une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
Selon la loi sur le régime général des élections et des référendums, "le président du bureau électoral veille au maintien de l'ordre dans le bureau de vote. Il assure seul la police du bureau de vote, et à ce titre, il est tenu de prendre les mesures nécessaires à la garantie du bon déroulement de l'opération électorale ou référendaire, et d'interdire tout comportement susceptible de l'affecter. Il peut, le cas échéant, faire appel à la force publique."
Émeute
À Antananarivo, deux hommes ont été appréhendés par des citoyens dans un bureau électoral à Ambohitsoa. Selon une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, toujours, ils auraient eu en leur possession "des bulletins pré-cochés". Dans un autre centre de vote, dans le quartier d'Anosibe, un homme a été passé à tabac par des partisans d'un candidat. Il aurait été surpris avec plusieurs cartes d'électeurs sur lui.
Le sentiment de suspicion cultivé avant le scrutin a, visiblement, mis en alerte les partisans des différents candidats, mais a également mis sous haute tension les votes dans certaines localités. Si certains faits ont nécessité l'intervention des forces de l'ordre, ou ont pu être confirmés après recoupements, d'autres mis en avant sur les réseaux sociaux motivent des réserves quant à leur crédibilité. Certains scénarios rapportés amènent à penser qu'il y a une tentative de manipuler l'opinion publique.
Bien qu'il y ait eu des altercations verbales ou des échauffourées autour des différents faits rapportés, hier, les votes ont tout de même pu se dérouler jusqu'à la fermeture des bureaux de vote. Toutefois, l'issue des dépouillements des voix a également eu son lot d'agitations. Dans un bureau de vote, à
Antsahabe, par exemple, une suspicion de "bourrage d'urne" a attisé l'ire des personnes présentes. Elles ont brisé les carreaux d'une salle de classe où était installé le bureau de vote.
Pour ce cas à Antsahabe, une fois le dépouillement fait, l'urne contenait cinquante bulletins de vote en plus que le nombre de votants répertoriés par les délégués des candidats.
Dans la commune d'Amparafaravola, dans la région Alaotra-Mangoro, la suspicion de "bourrage d'urne" a causé une émeute qui a vu un face-à-face musclé entre plusieurs individus et les forces jusqu'à tard dans la nuit.
Des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), venant d'Ambatondrazaka, ont été dépêchés en renfort à Amparafaravola. Les émeutiers contestent la tendance des résultats après les dépouillements. Rapportés à l'ensemble des bureaux de vote, sur l'ensemble du territoire, les faits ayant trusté les publications sur les réseaux sociaux, hier, ne seraient, toutefois, que des cas isolés et n'ayant pas d'impact sur la quiétude générale des votes.
Dans un communiqué publié, hier en fin de journée, le réseau d'observateurs électoraux SAFIDY indique qu'en ce qui concerne le déroulement du vote, "1,7% des bureaux de vote ont connu des actes de violence et des troubles durant le jour du scrutin." À l'heure de la publication de son communiqué, SAFIDY rapporte avoir reçu cent cinq signalements de faits suspects ayant entraîné des incidents électoraux.