Une situation sans précédent secoue actuellement le système judiciaire camerounais. Trois promotions de magistrats diplômés de l'ENAM (École Nationale d'Administration et de Magistrature) sont en suspens, attendant désespérément leur intégration et affectation officielles.
La procédure normale prévoit un décret après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), conformément aux dispositions légales. Mais aujourd'hui, ces jeunes diplômés se retrouvent dans une situation précaire, contraints de survivre par des moyens alternatifs.
Certains conducteurs de motos-taxis, d'autres vendeurs de beignets, ces magistrats en devenir vivent une réalité professionnelle cauchemardesque. Leur désillusion est profonde, regrettant même leur engagement initial dans cette voie.
Le président Paul Biya est au coeur de cette paralysie administrative. Incapable de signer les décrets nécessaires depuis plusieurs années, il privilégie désormais les "Très Hautes Instructions" pour traiter les questions sensibles.
La situation est encore plus complexe. Dans une manoeuvre controversée, le président aurait demandé de traiter différemment les auditeurs de justice ayant obtenu leur diplôme, brouillant ainsi les procédures réglementaires établies.
Cette décision soulève des questions profondes sur l'indépendance de la justice et le respect des procédures légales. Les jeunes magistrats se retrouvent victimes d'un système bureaucratique bloqué, leur avenir professionnel en suspens.
Les conséquences sont dramatiques : gâchis de talents, démotivation professionnelle et remise en cause du système judiciaire camerounais. Cette situation illustre les dysfonctionnements administratifs qui gangrènent les institutions publiques.