Une délégation du Secrétariat technique conjoint chargé du désengagement de la MONUSCO a effectué une visite de travail au Sud-Kivu du 4 au 7 décembre 2024 pour évaluer la mise en oeuvre de la feuille de route de la transition. La mission onusienne avait quitté la province, il y a six mois, conformément au plan établi conjointement avec le gouvernement congolais.
A son arrivée mercredi 4 décembre à l'aéroport de Kavumu, la délégation - composée de l'ambassadeur Noël Mbemba, délégué général du gouvernement congolais chargé de la liaison avec la MONUSCO, de Riccardo Maia, chef du Bureau Intégré des Nations Unies, des conseillers spéciaux au gouvernement et à la Présidence ainsi que des officiels civils et en uniforme de la mission onusienne - a été accueillie par le ministre provincial de l'Intérieur Albert Kahasha Murhula.
A Kavumu, puis à la péninsule d'Amsar en territoire de Kabare, la délégation conjointe a visité des bases militaires que la Force de la MONUSCO a léguées à l'Armée congolaise, avec des équipements et des matériels d'ingénierie.
« ll n'y a rien de perdu ; tout est bien conservé », a fait remarquer le général Jacques Ilunga, commandant adjoint de la 33ème région militaire, chargé des opérations. Toutes ces bases sont occupées par des militaires congolais.
Selon des sources militaires, depuis trois mois, une brigade venue du Katanga est arrivée au Sud-Kivu en renforcement à la 33ème Région militaire pour assurer la protection des populations civiles dans la province du Sud-Kivu.
Outre une séance de travail à Bukavu avec le Conseil provincial de sécurité présidé par le vice-gouverneur Jean-Jacques Elakano, la délégation du Secrétariat technique conjoint a eu plusieurs consultations, notamment avec la société civile, les ONG internationales et nationales, ainsi qu'avec les agences de l'ONU.
Etat des lieux de la Feuille de route
Le but de ces rencontres était de faire un état des lieux de la mise en oeuvre de la Feuille de route pour la transition au Sud-Kivu. Celle-ci s'articule sur quatre piliers : le renforcement de la sécurité et de la protection des civils, le renforcement de l'autorité de l'Etat et Etat de droit, le renforcement du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S) enfin la logistique et les opérations.
Maître Nene Bintu, présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, a confirmé le déploiement des militaires et policiers congolais dans les localités où la MONUSCO avait une présence militaire et «le service de protection civile a récupéré le volet des mécanismes d'alerte précoce».
Murhabazi Namegabe du Bureau pour le Volontariat au service de l'Enfance et de la Santé (BVES) a relevé, en ce qui le concerne, qu'à part l'occupation des bases, « il n'y a pas assez de choses qui ont évolué » du fait que les fonds pour la mise en oeuvre de la Feuille de route ne sont « pas encore disponibles ».
Il faut 57 millions de dollars, au moins, pour soutenir la Feuille de route de la transition au Sud-Kivu.
Constat de reprise en main
Des défis demeurent sur le désarmement et la démobilisation des groupes armés, l'accès à certaines localités d'intérêt à la fois pour les humanitaires et les investigations sur des questions des droits de l'homme, etc.
Mais de l'aveu des différents participants aux échanges, des efforts sont en train d'être fournis par les autorités congolaises et par ses partenaires.
« Six mois après le désengagement de la MONUSCO, globalement (...) nous pouvons dire que ça va. Ça, c'est l'avis même de la population partout où nous passons... », a affirmé, quant à lui Blaise Bubala, directeur de l'Action des Chrétiens Activistes des Droits de l'Homme à Shabunda (ACADHOSHA).
Cependant, ont préconisé plusieurs membres de la société civile, il y a lieu de renforcer l'échange d'informations sur le processus de transition.
Jean Diur Muland, conseiller diplomatique de la Première ministre congolaise, s'est dit satisfait de la « reprise en main par le gouvernement provincial des actions que jadis faisait la MONUSCO dans cette province », ajoutant qu'«au niveau des quatre piliers fondamentaux du plan de désengagement, il y a des avancées dans tous les compartiments».
Pour finir, l'ambassadeur Noël Mbemba a insisté sur l'importance de l'évaluation du processus de désengagement de la MONUSCO au Sud-Kivu :
« Hormis le fait que ça va servir à nourrir les rapports, ça nous sert à corriger (...) ce qui était déficitaire.»