Dakar — L'ingénieur en développement industriel et conseiller du Premier ministre suggère, pour l'avenir de l'industrie sénégalaise, de configurer le pays en une dizaine de régions industrielles, sur la base des spécificités écologiques, environnementales ou économiques de ses différentes parties.
« Ce choix doit être basé sur des critères bien définis, notamment des critères d'ordre climatique et écologique, en fonctions aussi de la disponibilité des matières primaires », a expliqué M. Mbaye dans une interview avec l'APS.
Selon l'ingénieur, cette subdivision du pays en régions industrielles va décentraliser l'industrie nationale concentrée depuis longtemps dans la région de Dakar.
La région de Matam (nord) par exemple devrait avoir une vocation minière en raison de ses phosphates, a-t-il expliqué, suggérant que les industries soient implantées dans des endroits proches de leurs matières premières.
« La disponibilité de la main-d'oeuvre et bien d'autres critères doivent être pris en compte » dans la configuration des régions industrielle, a suggéré l'ingénieur en développement industriel ayant travaillé dans l'électronique, l'automobile et d'autres branches de l'industrie en France et au Japon.
Le conseiller technique du Premier ministre estime que les difficultés de l'industrie sénégalaise découlent d'un « manque de stratégie » des gouvernements. « Lorsque vous voulez développer quoi que ce soit dans la vie, dans l'industrie à plus forte raison, il faut avoir un plan bien établi », a-t-il souligné, affirmant que l'industrie s'accommode nécessairement de « prérequis ».
« L'objectif du gouvernement d'aujourd'hui est justement de [...] mettre en place un plan stratégique" de politique industrielle, a assuré Youssoupha Samuel Mbaye, auteur d'un plan d'accélération industrielle du Sénégal basé sur 15 "leviers », dont il est fait mention dans le référentiel « Sénégal 2050 », le programme de politique générale du gouvernement pour les prochaines années.
L'industrie devra « normalement jouer un rôle important, voire prépondérant », dans ce programme public, a dit M. Mbaye, ajoutant : « Je suis persuadé que les objectifs seront atteints ».
La « situation de sous-industrialisation » du pays résulte de la fermeture de centaines d'entreprises industrielles, a signalé l'ingénieur, souhaitant que l'industrie soit utilisée comme « cheval de bataille » par les autorités du pays.
Youssoupha Samuel Mbaye préconise aussi la création d'un comité national de l'industrialisation, une structure qui doit disposer de démembrements dans les régions et les communes, pour superviser le secteur. Cette mesure permettra d'éviter par exemple la concentration de l'activité industrielle à Dakar, selon M. Mbaye.