Dakar — Le Sénégal doit, pour la bonne tenue de son industrie, se lancer dans la reprise en main de son tissu industriel, ce qui va consister à remettre en marche certaines usines fermées ou en difficulté, préconise l'ingénieur en développement industriel Youssoupha Samuel Mbaye, conseiller technique du Premier ministre.
Les pouvoirs publics sénégalais feraient bien d'aller vers une « compensation industrielle soutenue par une totale reprise en main du tissu industriel », a proposé M. Mbaye dans une interview avec l'APS.
La reprise en question doit consister à remettre en marche certaines usines, dont la SONACOS, la principale huilerie du pays, et la SOTIBA, une société textile fermée depuis plusieurs années, a-t-il dit, tenant à rappeler que la société nationale de production d'huile fonctionne correctement, malgré les difficultés.
Cette démarche donnera la possibilité au Sénégal d'« éviter d'être un géant aux pieds d'argile » lorsque les tentatives de relance de l'industrie donneront leurs fruits, a expliqué l'ingénieur ayant travaillé pendant une trentaine d'années dans l'automobile, l'électronique et d'autres branches industrielles en France et au Japon.
« La compensation industrielle soutenue par une totale reprise en main de notre tissu industriel est nécessaire. C'est la base de la relance de l'industrie », a insisté Youssoupha Samuel Mbaye.
« Bien sûr, pour compenser ces sociétés-là, les reprendre en main et les développer, il faut identifier [ce qui] ne va pas avec elles [...] On ne peut pas résoudre un problème si on n'en connaît pas la cause », a-t-il souligné, assurant que cette démarche va se révéler fructueuse si les pouvoirs publics mettent en place des plans de relance des usines concernées et veillent à ce que soient respectées les six phases de développement de tout projet dans l'industrie.
La relance de l'activité des usines fermées ou en difficulté doit s'accompagner du respect de « tous les indicateurs de performance requis, notamment les trois principaux : le respect des coûts prévus, le respect de la qualité et celui des délais », a ajouté M. Mbaye.
« D'après les informations que j'ai eues tout à l'heure, lors d'une séance de travail avec un conseiller technique du ministre de l'Industrie [et du Commerce], le recensement est en cours, pour ne pas dire qu'il est déjà fait », a-t-il dit en faisant allusion au recensement des entreprises en difficulté, une initiative dont les nouvelles autorités du pays ont hérité de leurs prédécesseurs.
« C'est fait pour identifier de manière exhaustive toutes les industries qui sont aujourd'hui en difficulté, dans le but de faire le nécessaire, de manière stratégique... » a poursuivi Youssoupha Samuel Mbaye.
Il a ajouté : « Je présume que le recensement n'avait pas été bien fait. Même s'il a été bien fait, vu que les résultats ne sont pas là, on peut penser que la méthode utilisée pour les (les entreprises en difficultés) remettre sur pied n'a certainement pas été efficiente. »
« Nous en sommes toujours au même niveau [...] Maintenant, avec la bénédiction des autorités d'aujourd'hui, le président de la République et le Premier ministre, nous sommes bien déterminés à identifier tous les éléments [...] pour atteindre rapidement les objectifs fixés » en matière de relance de l'industrie, a assuré M. Mbaye.