L'ancien président John Mahama, principal leader de l'opposition ghanéenne, a tenté à deux reprises de reconquérir le poste suprême du pays.
Aujourd'hui, John Mahama s'est assuré un retour en force à 66 ans lors de sa troisième tentative à la présidence, après avoir puisé dans les frustrations économiques du pays pour remporter les élections de samedi
Aujourd'hui, il s'est assuré un retour en force à 66 ans lors de sa troisième tentative à la présidence, après avoir puisé dans les frustrations économiques du pays pour remporter les élections de samedi.
Sa victoire est historique, puisqu'il est le premier président de la quatrième République du Ghana (depuis le retour de la démocratie multipartite en 1992) à reprendre la présidence après avoir été chassé par les urnes.
M. Mahama, membre du National Democratic Congress (NDC), a battu le vice-président Mahamudu Bawumia, qui représentait le New Patriotic Party (NPP), parti au pouvoir, et qui a reconnu sa défaite dimanche.
Président du Ghana de 2012 à 2017, M. Mahama a fait campagne dans tout le pays, organisant plusieurs rassemblements avec la population et des rencontres avec des chefs traditionnels et religieux.
Les gens sont à la recherche de changement et font confiance à M. Mahama pour orienter le pays dans une meilleure direction
Pendant la campagne, il a promis de relancer l'économie et de mettre en place des réformes anti-corruption.
"Les Ghanéens sentent que la situation économique est difficile, et la stratégie de campagne de M. Mahama semble axée sur son expérience et la promesse qu'il fera les choses différemment", a déclaré à l'AFP Kwame Asah-Asante, professeur de sciences politiques à l'Université du Ghana.
"Cependant, M. Mahama doit aussi faire face à son propre passé, qui comprend des luttes sur le plan économique et les fameuses coupures d'électricité appelées +dumsor+ (qui signifie, +allumé et éteint+ en langue Akan). La question est de savoir si les électeurs sont prêts à lui donner une seconde chance", a ajouté M. Asah-Asante.
Ecrivain et adepte de la musique afrobeat, M. Mahama a écrit dans ses mémoires "Mon premier coup d'Etat - et autres histoires vraies des décennies perdues de l'Afrique" qu'il a été transformé par les expériences vécues dans son enfance lors d'un coup d'Etat militaire en 1966.
Né dans le nord du Ghana, il a grandi dans la seule maison du village à disposer d'un générateur diesel.
Son père, ancien ministre, a été brièvement détenu et interrogé par les putschistes de 1966, mais il a ensuite été libéré sain et sauf.
M. Mahama a également été député et président du groupe parlementaire de l'Afrique de l'Ouest au Parlement panafricain de Pretoria.
En ce qui concerne la corruption, M. Mahama déclare qu'il créera un nouveau bureau chargé d'examiner les marchés publics au-delà d'un seuil de 5 millions de dollars. Selon lui, les procédures de passation de marchés non contrôlées sont une source majeure de corruption.
John Mahama ambitionne de lutter contre le chômage élevé qui touche le pays, en maintenant les industries en activité 24 heures sur 24.
Selon les experts, l'élément notable de sa campagne est la nomination de l'ancienne ministre de l'Education, Jane Naana Opoku-Agyemang comme colistière.
"En choisissant une femme comme colistière, Mahama montre l'exemple", a indiqué l'activiste Shamima Muslim. "Cette décision est bien accueillie, et particulièrement par les électrices, qui voient cela comme une étape pour briser les barrières dans la politique ghanéenne", a-t-elle poursuivi.
"Les gens sont à la recherche de changement et font confiance à M. Mahama pour orienter le pays dans une meilleure direction", a déclaré à l'AFP Mustapha Gbande, porte-parole de la campagne de John Mahama.
Baffour Agyeman-Duah, expert politique et directeur général de la Fondation John A. Kufuor, estime qu'il sera difficile pour M. Mahama de regagner la confiance du public, en raison des allégations de corruption qui ont entaché des membres de son parti, bien qu'aucune accusation n'ait été formellement portée contre lui.