Rabat — Le Policy Center for the New South (PCNS) a dévoilé, jeudi à Rabat, la 11e édition de son rapport annuel "Atlantic Currents" qui explore les enjeux stratégiques, économiques, sociaux et environnementaux dans la région atlantique, sur fond de tensions géopolitiques et de transformations profondes à l'échelle mondiale.
Ce rapport, rendu public en amont de chaque édition de la Conférence internationale "The Atlantic Dialogues", traite des menaces et des défis qui interpellent les États du bassin atlantique, ainsi que des opportunités qui ont vu le jour des deux côtés de cet espace.
L'ouvrage, coordonné par Mohammed Loulichki, ancien Ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies et Senior Fellow du Policy Center, réunit les contributions de 25 auteurs issus des différentes régions de l'espace atlantique (Amérique Centrale, Amérique du Nord, Caraïbes, Europe du Nord, Europe du Sud, Afrique du Nord et Afrique de l'Ouest atlantiques).
Dans leurs contributions, les auteurs brossent un tableau des grands questionnements en cours dans le Sud global, tels que le consensus Nord-Sud, les enjeux géostratégiques et géoéconomiques, l'intégration économique, l'énergie, le climat, la migration, la sécurité alimentaire et la stabilité dans la région afro-atlantique, et proposent des pistes pour renforcer la coopération entre les pays du bassin atlantique.
En outre, l'édition 2024 se distingue par l'introduction de l'initiative Atlantic Currents Map, une cartographie détaillée des 23 pays riverains de l'Atlantique africain, mettant en lumière leur potentiel stratégique et leurs interdépendances dans un contexte globalisé.
Cette cartographie analyse plusieurs facteurs clés déterminants pour le développement comme les infrastructures, les ressources naturelles, les corridors logistiques et commerciaux, les dynamiques environnementales et la contribution des Zones économiques spéciales et de libre-échange à la compétitivité et à l'intégration régionale.
Le rapport, dont la majeure partie est réservée à l'Atlantique Sud, notamment à sa façade africaine, est structuré autour de cinq sections traitant des dynamiques au sein du bassin atlantique relatives à la paix et à la sécurité, aux perspectives d'intégration et de développement, à l'importance du développement humain et du volet social dans les politiques publiques.
Aussi, le document examine les perspectives d'un nouveau paradigme de coopération et de partenariat qui favoriserait la croissance mutuelle, l'intégration commerciale et la solidarité régionale face à la montée inquiétante du nationalisme économique et du protectionnisme.
Explorant les entraves à une meilleure interaction entre le Nord et le Sud de l'Atlantique, Ie rapport comporte, par ailleurs, une étude abordant l'impact de la "nouvelle guerre froide" sur les relations transatlantiques et met en lumière les tensions Nord-Sud dans le sillage de la guerre en Ukraine, en plaidant pour une approche pragmatique entre les deux pôles.
Dans le domaine des échanges commerciaux internationaux, le rapport traite aussi la montée stratégique de la route maritime du Cap de Bonne-Espérance qui a gagné en importance en raison des conflits en cours au Proche et au Moyen-Orient, mettant en évidence la dynamique évolutive des routes commerciales mondiales.
Plusieurs auteurs s'accordent à affirmer que la région atlantique doit être un modèle de collaboration proactive, en établissant des partenariats qui assurent la stabilité et la sécurité partagée notamment dans un contexte de rivalité croissante entre grandes puissances.
Sur les perspectives de coopération économique Sud-Sud en matière agricole, le document souligne la pertinence d'une coopération entre l'Afrique et l'Amérique latine pour transposer en Afrique les avancées technologiques et les techniques latino-américaines qui ont fait leur preuve, notamment au Brésil et en Argentine pour augmenter la productivité et assurer l'autosuffisance alimentaire.
S'agissant de la gestion migratoire, le rapport relève le potentiel de la migration pour renforcer la compétitivité régionale grâce à des partenariats éducatifs transatlantiques, en recommandant la rétention des talents et la croissance académique comme des leviers pour renforcer la compétitivité régionale.
L'émergence d'un partenariat transatlantique fécond et mutuellement bénéfique reste tributaire d'une gouvernance collective solidaire ancrée dans un engagement pour la durabilité et la résilience, pour faire face aux défis transversaux qui continuent de menacer la stabilité des pays du sud atlantique tels que les conflits, le terrorisme, la piraterie maritime et les trafics de tout genre.
Dans ce contexte, plusieurs auteurs ont considéré l'Initiative Royale comme "un pivot stratégique" pour l'intégration et le développement économique de la région atlantique et du Sahel, qui viendrait capitaliser sur les cadres d'intégration existants dans le Continent africain et les enrichir par sa dimension verticale et inter-régionale.
Ils estiment que non seulement l'Initiative fait progresser la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) mais elle s'insère aussi dans le cadre général de la vision africaine de 2063.