Les tensions montent entre le Royaume-Uni et les États-Unis à propos de l'accord controversé de Keir Starmer visant à restituer la souveraineté des îles Chagos à Maurice. Cet accord, qui s'inscrit dans une tentative de résoudre un différend historique, suscite de vives inquiétudes sur l'avenir de Diego Garcia, qui abrite une base militaire stratégique partagée par le Royaume-Uni et les États-Unis dans l'océan Indien. Le coeur du problème réside dans l'incapacité du gouvernement britannique à garantir que les armes nucléaires pourront toujours être stockées sur cette base après le transfert de souveraineté.
Maurice est partie prenante du Traité de Pelindaba, qui interdit la présence d'armes nucléaires dans la zone Afrique. Cela pourrait limiter les capacités militaires de Diego Garcia, un point essentiel pour les États-Unis et leurs opérations stratégiques.
Dans une réponse écrite au Parlement, le ministre de la Défense britannique, Luke Pollard, n'a pas réussi à clarifier si les termes du nouvel accord permettraient de maintenir le statut actuel de la base. Le passage d'une souveraineté directe à un régime locatif pourrait imposer de nouvelles contraintes, notamment sur la gestion des infrastructures nucléaires.
Les conservateurs britanniques ont vivement critiqué le gouvernement travailliste, demandant des éclaircissements urgents. James Cartlidge, le Shadow secretary of State for Defense, a déclaré, lundi, à la Chambre des Communes que «nous devons savoir si nous, ainsi que les États-Unis, aurons une autonomie militaire totale sur Diego Garcia après la mise en oeuvre de ce nouvel accord. En tant que locataire plutôt que propriétaire, serons-nous toujours libres d'opérer sans restriction ?»
Du côté américain, l'accord provoque également de fortes réactions. Selon le journal The Independant, Donald Trump, qui prépare son retour à la Maison-Blanche, aurait exprimé son inquiétude quant aux implications sécuritaires de cet arrangement. Selon une source proche de son équipe, le dossier Chagos est considéré comme une priorité dès le premier jour (Day 1) de sa présidence. Trump chercherait activement à bloquer l'accord, estimant qu'il pourrait compromettre la sécurité nationale des États-Unis.
Nigel Farage, député, a également déclaré que des membres de l'entourage de Trump seraient «horrifiés» par l'accord. Il accuse le gouvernement Starmer de négliger les intérêts stratégiques des alliés anglo-américains au profit de considérations politiques à court terme.
Outre les préoccupations militaires, cet accord soulève des questions sur la transparence et les coûts liés à sa mise en oeuvre. La restitution des Chagos à Maurice est un geste symbolique important dans le cadre des efforts de décolonisation mais elle doit également prendre en compte les enjeux géopolitiques.
Pour l'instant, le gouvernement travailliste n'a pas communiqué avec l'administration Trump sur les modalités du transfert. Cette absence de dialogue renforce l'incertitude et alimente les critiques. La controverse autour des îles Chagos montre une fois de plus à quel point il est difficile de concilier les impératifs diplomatiques, juridiques et stratégiques.