Le ministre de la Santé, Anil Bachoo, semble enfin offrir une lueur d'espoir aux proches des 11 patients sous dialyse, décédés à l'hôpital de Souillac, en 2021, au cours de la pandémie de Covid-19. Depuis plusieurs années, ces familles réclament la publication des rapports des différents comités enquêtant sur ces décès tragiques. Aujourd'hui, elles sont peut-être sur le point d'obtenir des réponses. La Renal Disease Patient's Association, qui milite pour la transparence, espère que ces documents seront enfin rendus publics.
Interrogé par le député Farhad Aumeer au Parlement mardi, le ministre de la Santé a répondu sans ambiguïté. «Si les proches des patients donnent leur consentement pour que le rapport du Fact Finding Committee (FFC) soit publié, alors nous le ferons.» Cette déclaration marque un tournant dans ce dossier longtemps camouflé dans le silence. Rappelons que ces patients de l'hôpital de Souillac avaient été transférés dans un hôtel du Sud pour y être placés en quarantaine après qu'un membre du personnel soignant avait contracté le Covid-19. Suite à leur décès et face à l'indignation publique, un comité d'enquête (Fact Finding Committee), présidé par l'ancienne juge Deviyannee Beesoondoyal et assisté par les Dr Pierrot Chitson et Dr Soobodging Mareeachalee, avait été institué pour faire la lumière sur cette affaire. Le rapport final avait été soumis après des mois d'investigation.
Malgré les pressions des députés de l'opposition et des proches des victimes, l'ancien ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a toujours refusé de publier ce rapport. Il avait cependant admis des manquements. «I totally agree that there were some kind of shortcoming. We were not perfect», avait-il répondu à XavierLuc Duval, alors leader de l'opposition, lors d'une Private Notice Question. Les recommandations du FFC, avait-il assuré, devaient être mises en oeuvre, les dossiers examinés par le Medical Negligence Committee, puis soumis au Medical Council. Pourtant, trois ans plus tard, aucune de ces promesses ne s'est concrétisée.
Aujourd'hui, l'actuel gouvernement semble prêt à rendre ce rapport public. Pour Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patient's Association (RDPA) cette décision du ministre de la Santé est un pas dans la bonne direction : «Y a-t-il eu négligence ? Quelle est l'ampleur de ces manquements ?» Il suggère cependant de préserver l'anonymat des patients en masquant leurs noms dans le rapport.
D'autres questions cruciales émergent. Le gouvernement poursuivra-t-il Kailesh Jagutpal pour avoir potentiellement induit le Parlement en erreur ? Le rapport sera-t-il transmis au Directeur des poursuites publiques (DPP) pour qu'une enquête judiciaire soit ouverte ? Les responsables devront-ils rendre des comptes ? Enfin, Bose Soonarane souligne l'importance de compenser les familles des victimes pour leurs pertes, bien que des recours civils semblent désormais impossibles en raison des délais prescrits. «Ces familles méritent une reconnaissance de leur douleur, même si elles ne pourront jamais oublier ce drame de mars/avril 2021.»
Le rapport du FFC, tant attendu, pourrait enfin apporter des réponses espérées et constituer une avancée décisive vers la justice pour les familles endeuillées. Le ministère de la Santé a convié les proches des victimes, vendredi, dans ses locaux afin qu'ils signent un document renonçant à la confidentialité, permettant ainsi la publication du rapport.