En marge de l'évènement Africa Financial Summit (AFIS) qui a baissé ses rideaux, ce mardi 10 décembre 2024, à Casablanca (Maroc), Invictus Capital & Finance SA, en partenariat avec KF Titrisation, a posé le débat sur le rôle des financements structurés pour le financement des économies africaines. Un panel exclusif qui a réuni un bon nombre d'experts.
Accueil - Invictus Capital & FinanceUne titrisation obligataire Sonatel de 120 M$, un programme « Trade Loan » de 300 M$ pour la sécurité alimentaire, et une obligation de 80 M$ pour un projet structurant du Port Autonome de Dakar. Ce ne sont là que quelques opérations majeures que la Société de Gestion et d'Intermédiation, Invictus Capital & Finance (ICF) et la Société de Gestion de Fonds Communs de Titrisation de Créances, KF Titrisation, ont eu à structurer au Sénégal. En matière de financements structurés innovants et avec un tel pedigree, le consortium Invictus Capital & Finance,KF Titrisation ne pouvait manquer la 4ème édition de l'Africa Financial Summit (AFIS) qui vient de baisser ses rideaux à Casablanca (Maroc).
En marge dudit sommet, Invictus Capital &Finance a organisé un Side Event autour de son modèle, sur le thème de la « Mobilisation des ressources pour le financement des économies africaines : le rôle des financements structurés ». Dans le contexte des besoins de développement en Afrique, qui afficherait un déficit annuel de 108 milliards de dollars en infrastructures, les financements structurés s'avèrent une alternative crédible à travers la titrisation, les obligations ESG ainsi que le financement mixte qui seraient capables de mobiliser des capitaux locaux et internationaux.
Mouhamadou Moustapha Faye, Directeur Général de KF Titrisation SA, a ainsi campé le décor en rappelant que tout est parti du constat sur l'évolution des financements traditionnels qui, dit-il, « ont atteint leurs limites en quelque sorte, en termes de montants et surtout le corolaire de la dette publique. A cela s'ajoutent les chocs récurrents, économiques, géopolitiques auxquels nous n'avons pas été préparés mais face auxquels l'Afrique subsaharienne a certes fait preuve d'une certaine résilience et les perspectives sont entrain de s'améliorer ». Sous ce rapport, la situation cependant nécessite une réflexion profonde sur les mécanismes nouveaux de financement de nos économies par rapport aux besoins énormes en termes d'infrastructures de base.
Spécialiste en financement de projet et en règlementation financière, Ouns Lemseffer, Associée et co-responsable de l'Afrique francophone, estime que « les marchés de capitaux doivent être vus comme un outil de financement alternatif et à ce sujet il y a eu beaucoup de réformes notamment du cadre légal en tout cas au Maroc ». Cependant, dit-elle, « il faut plus d'initiatives dans ce sens ». Par ailleurs, les émetteurs ont un rôle à jouer mais aussi les investisseurs dans la dynamisation des opérations de marché. « Lorsqu'un projet est bancable, ils viennent en investisseurs de référence prendre un ticket et inciter les acteurs régionaux à en faire de même, l'idée étant de changer la perception du risque », indique Mme Lemseffer.
Pour sa part, en tant qu'investisseur de référence, IFC (International Finance Corporation) joue un rôle à plusieurs niveaux pour développer les marchés de capitaux. Son Directeur financier principal, Oualid AMMAR, indique : « Nous facilitons le placement de structures sur le marché à travers l'apport d'un certain montant en vue de mitiger le risque et dans ce sens, non seulement nous fournissons des garanties mais nous investissons également dans des tranches subordonnées ». Ainsi sur le marché de capitaux, la règlementation seule ne règle pas le problème et selon M. Ammar, « c'est tout l'environnement qu'il faut considérer entre l'émetteur, l'investisseur, la règlementation ainsi qu'une culture du risque. »
L'harmonisation nécessaire
Lorsqu'on parle de financement structuré, les opérations les plus remarquables sont les financements de projets, « surtout de projets souverains », précise Cheikh Tidiane Diagne, Souscripteur principal de l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) membre du Groupe de la Banque Mondiale. Il y a certes des opérations du secteur privé structurées sur cette base, « mais c'est rare », selon M. Diagne qui reprend le cas de Sonatel en termes de financement structuré, à travers la titrisation de créances.
Alors qu'on a le plus souvent recours à l'endettement qui au demeurant, obère naturellement la capacité d'endettement, à contrario, les créances commerciales de Sonatel ont été cédées à un véhicule ad hoc qui a levé un financement sur le marché financier, un montant de 75 milliards de Fcfa sans altérer la capacité de l'entreprise. « Cela peut paraître simple, mais derrière toute opération de financement structuré, il y a toute une mécanique sophistiquée de diligences techniques, juridiques financières, entre autres », souligne encore M. Diagne.
C'est là que les activités de garantie jouent tout de même un rôle prépondérant en termes de risque politique (expropriations, rapatriements de devises, etc...), risque de guerre, troubles civiles, risque de paiement, mais il y a aussi des garanties de rehaussement de crédit notamment avec un organisme comme la MIGA dont la couverture en tant qu'institution de la Banque mondiale, est relative à un rating triple A.
Il apparaît toutefois que l'usage efficace à une grande échelle de ces instruments innovants de financement est assujetti à des réformes au niveau de la règlementation notamment dans une dynamique d'harmonisation. « Dans un continent où il y a plusieurs méthodologies, une harmonisation du point de vue régulatoire permettrait par exemple à un investisseur ou un asset manager de prendre un ticket plus gros mais avec une approche régionale », comme l'a indiqué M. Diagne.
En définitive, il y a encore à faire pour exploiter pleinement le potentiel de ces modèles innovants jugés efficaces pour atténuer les risques, ou plutôt la perception, notamment en élargissant l'assiette d'actifs qui peuvent être utilisés dans la titrisation, mais encore la transparence dans le régime fiscal ; lever les contraintes de capacités par rapport aux exigences des bailleurs ; pour Isaac Mbaye, le challenge « c'est aussi au niveau des clients par rapport au financement structuré qui, n'est pas encore une culture par rapport au financement classique. Cela renvoie à la question de l'éducation financière ».
Sans oublier le volet prudentiel par rapport aux banques centrales qui, selon les panélistes, ne tiennent pas encore tout à fait compte de ce type de financement pourtant apte à soutenir une croissance durable en Afrique.
Solide comme Invictus
Le Side Event qui a réuni un bon nombre d'experts leur a d'abord permis d'apprécier la présentation de Isaac Mbaye, Directeur Général de Invictus Capiatl &Finance (ICF), qui a fait le tour de la palette de services offerts par sa structure et qui va de l'ingénierie financière à la conservation et la tenue de compte en passant par le marché des capitaux.
L'expertise du groupe s'élargit aujourd'hui avec la D.F.A (Développement Finance Advisory), « la cadette du groupe qui est un cabinet-conseil en investissement qui intervient au Sénégal et à l'international dans la structuration de financement durable, de trade finance, financement d'impact, la finance ECA, le financement du commerce vert, le financement d'impact, le cadre ESG, le système de gestion environnementale et sociale (ESMS)», a indiqué, entre autres, le Directeur général de Invictus Capital &Finance.
Celui-ci rappelle par ailleurs qu'un an après sa création en 2019, IFC a, dès octobre 2020, levé 60 milliards de FCFA sur le marché financier régional. Le moteur était ainsi démarré et après avoir levé 10 milliards de Fcfa pour le compte du Groupe sénégalais EDK, Invictus Capital &Finance s'est attaqué à un emprunt obligataire par appel public à l'épargne de 204 milliards de Fcfa pour le compte de l'Etat du Sénégal, qui est revenu pour enchaîner un autre de 137 milliards de Fcfa.