Déclaration de Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial, à propos du Rapport 2024 sur le paludisme dans le monde de l'OMS
Bon nombre des pays les plus touchés par le paludisme sont également en première ligne du changement climatique. En Afrique subsaharienne, où un enfant meurt du paludisme chaque minute, l'évolution des phénomènes météorologiques - des précipitations intenses aux vagues de chaleur extrême et aux sécheresses prolongées - modifie non seulement la géographie du paludisme, mais aggrave également les inégalités existantes. Les pénuries d'eau, les pannes de courant et les perturbations des chaînes d'approvisionnement mettent à rude épreuve des systèmes de santé déjà fragiles. Dans le même temps, l'insécurité alimentaire et la pauvreté affaiblissent les défenses immunitaires des populations et accablent les agentes et agents de santé communautaires, dont beaucoup luttent pour nourrir leur propre famille.
Nous disposons des outils nécessaires pour lutter contre le paludisme, qu'il s'agisse des moustiquaires à double principe actif, de la chimioprévention du paludisme saisonnier ou de nouveaux vaccins. Cependant, les progrès stagnent depuis plusieurs années. Pour y remédier, nous devons intensifier nos efforts en adoptant une double approche : investir dans les nouvelles technologies tout en atténuant le poids que le changement climatique fait peser sur les systèmes de soins de santé. Cela signifie souvent qu'il faut revenir à l'essentiel, c'est-à-dire fournir aux agentes et agents de santé des ressources indispensables comme des bicyclettes, des téléphones portables ou même un repas quotidien, afin qu'ils puissent à leur tour fournir des services vitaux à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Investir davantage dans la lutte contre le paludisme permet non seulement de sauver des millions de vies, mais aussi de rééquilibrer le pouvoir économique mondial et de stimuler les échanges commerciaux. Cela peut ensuite débloquer des fonds supplémentaires pour renforcer les systèmes de santé et améliorer la sécurité sanitaire, en Afrique et à travers le monde. Investir dans la lutte contre le paludisme ne relève pas seulement d'un impératif de santé : il s'agit d'un moteur stratégique de retombées économiques et sociales de plus grande envergure.
Survol du Rapport 2024 sur le paludisme dans le monde
Le rapport de cette année présente des données et des tendances encourageantes en matière de lutte contre le paludisme. Entre 2000 et 2023, 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès ont été évités dans le monde. Quarante-quatre pays et un territoire ont été officiellement certifiés exempts de paludisme par l'Organisation mondiale de la Santé, et de nombreux autres se rapprochent progressivement de l'objectif d'élimination de la maladie. Certains pays lourdement touchés ont également enregistré des réductions notables du nombre de cas de paludisme.
Malgré ces avancées, le paludisme reste un grave problème de santé mondiale, qui a fait 597 000 victimes rien qu'en 2023. La région Afrique continue d'être la plus durement touchée, avec environ deux tiers du fardeau mondial du paludisme concentrés dans 11 pays africains. On estime que la région Afrique représentait à elle seule 94 % des cas à l'échelle mondiale et 95 % des décès liés au paludisme en 2023. Plus de la moitié de ces décès sont survenus dans quatre pays : le Nigéria (30,9 %), la République démocratique du Congo (11,3 %), le Niger (5,9 %) et la République-Unie de Tanzanie (4,3 %).